Je fus réveillé par la sonnerie de mon téléphone portable. Encore une fois je m’étais endormi sur mon bureau, devant un tas de feuilles et mon ordinateur. Un réel bazar trônait dessus l’image de tout le reste de mon appartement. Je n’étais pas vraiment fan de faire le ménage et j’étais trop épuisé en rentrant après le boulot pour me lancer dans la vaisselle ou du repassage. J’avais à la limite assez de force pour faire tourner une machine à laver. Après m’être étiré et fait quelques séances d’abdos j’allai prendre un café et quelque chose à grignoter. Je répondais à mes mails, vérifiant si j’avais eu des réponses concernant certaines affaires dont je m’occupais. C’était souvent par rapport à des analyses envoyées au laboratoire. J’allai ensuite rapidement prendre une douche puis appliquait de la crème sur mon visage. Je prenais ensuite une chemise pas trop froissé dans le tas de linge propre et un pantalon. Il ne restait plus que ma veste et mes chaussures et c’était parti pour une nouvelle journée de travail. Il était environ 10heures, j’espérais que la personne chez qui je me rendais était chez elle. Généralement, je ne prévenais jamais de mes arrivées, histoire que les suspects ou témoins n’aient pas le temps d’inventer une histoire. Il m’arrivait donc de tomber sur porte close. De ce que je savais, Sashua Ace était acteur. Il n’avait donc pas à se lever tous les jours pour se rendre sur son lieu de travail. D’autant plus qu’il n’avait rien actuellement de programmé, ça aussi j’avais réussi à obtenir des informations. Cette fois-ci je n’allai pas interroger un suspect, seulement éclaircir quelques zones d’ombres concernant l’attaque dont avait été victime son frère. Mon intuition me soufflait que cela fût plus qu’un vol qui avait mal tourné. Ce n’était pas courant que des voleurs s’en prennent à la famille d’une célébrité plutôt qu’à celle-ci ou directement à cambrioler sa demeure.  L’affaire avait été classée dans ce thème là mais je n’étais pas cet avis. Alors encore une fois j’allai enquêter seul de mon côté pour en savoir plus. Le jeune Ace n’allait probablement pas l’apporter de nouvelles informations mais c’était toujours plus agréable de discuter dans un endroit familier et seul avec un policier que tout un groupe.
Une fois arrivée dans le quartier de Silom-Sathorn, je suivais le GPS de mon téléphone dans lequel j’avais entré l’adresse. Je vérifiais une dernière fois avant de sonner, espérant que le jeune homme était présent chez lui et non parti quelque part.

Lorsque Ace ouvre les yeux, des maux de têtes l’obligent à les refermer aussitôt. Il appelle sa petite-amie mais seul le silence lui répond puis il se rappelle qu’elle est sûrement partie travailler. Il va falloir qu’il se lève et aille chercher un comprimé pour apaiser la douleur lui-même. Hier soir, il a fait la fête avec ses co-acteurs ainsi que le staff qui a bossé sur le dernier film qu’il a tourné. Le public a été très réceptif, ils se devaient de fêter ça. Ace enfile un peignoir puis se traîne jusqu’à la cuisine au rez-de-chaussé. Il boit l’eau à même le robinet. Sa gorge est aussi sèche que le désert du Sahara. Il avale un comprimé puis s’échoue sur le canapé, à deux doigts de sombrer dans un second sommeil. La sonnerie le maintient éveillé et amplifie son mal de tête. “Putain!” Il n’attend personne aujourd’hui. Ce n’est pas le jour de la femme de ménage, ni du jardinier. Sa petite-amie ainsi que son petit frère ne peuvent pas avoir oublié leur clef puisqu’il s’agit d’un système de code. La porte possède un verrou mais c’est seulement en cas de panne électronique. Il ne voit aucune raison de se lever de son canapé. Il compte refermer les yeux puis il se rappelle avoir commandé quelques babioles sur Amazon durant une fièvre acheteuse. Il se peut que ça soit le facteur. Ace se relève tant bien que mal. Il active l’interphone équipé d’une caméra pour voir qui se trouve de l’autre côté de la porte. L’homme n’a pas l’air d’un facteur. Il active le micro. “C’est qui? Et pour quoi?” Il demande d’un ton las. Il espère que ce n'est pas un fan taré qui a trouvé son adresse. Même si l’homme a l’air normal, on ne peut pas trop se fier aux apparences.

Alors que j'attendais patiemment, un peu trop longtemps d'ailleurs. J'étais prêt à faire demi-tour après avoir laissé mes coordonnées dans sa boîte aux lettres. Le crépitement de l'interphone juste sur le mur se faisait entendre. Ah, le monde se porterait mieux sans ce genre d'engin. Est-ce que j'avais l'air d'un escroc ? Certes, je n'étais pas en uniforme et mon blouson en cuir ne devait pas indiquer que j'étais un livreur de pizza. Une voix finissait par me demander qui j'étais et ce que je voulais. Vu son ton il ne s'attendait pas à ce qu'on vienne sonner chez lui. Ou peut-être qu'on le faisait trop. En même temps, c'était une célébrité. Avec internet c'était facile pour les fans de trouver l'adresse de leur star préféré. Heureusement que je n’avais pas choisi cette voie-là, j’étais loin de les envier maintenant. Si je devais compter le nombre d’appels qu’on recevait pour harcèlement, violation du domaine, tout ceci ne me donnait pas du tout envie. Je préférais courir après les criminels, bien que certains policiers se fassent aussi harceler parfois. Malheureusement cela pouvait arriver.

- Bonjour, je suis l'agent Zang Hsiao-Chun. C'est au sujet de votre frère.

J'espérais qu'il se rappelait de moi mais ce n'était pas évident. On n'avait été plusieurs sur cette affaire et à interroger la victime. Si les autres avaient fini par classer cette attaque en simple vol ce n'était pas mon cas. Peut-être que je me trompais ou peut-être pas. Mais je comptais bien avoir le fin mot de l'histoire. En espérant que Monsieur Saechua accepterait de collaborer. Le "bip" de la porte annonça que le jeune homme m'avait ouvert. C'était déjà une bonne nouvelle. Je passais enfin de l'autre côté pour pouvoir discuter tranquillement avec l'acteur. Une fois à l'intérieur, je le saluai poliment.

- Désolé de vous déranger de si bon matin. J'espère que je ne dérange pas ?

Vu sa tête il semblait n'avoir pas passé la soirée devant la télévision affalé sur son canapé. Je devais l'avoir surement réveillé mais je ne pouvais pas savoir qu'il allait faire la fête la veille. Je ne suivais pas son actualité, simplement demander s'il avait un tournage ou autre aujourd'hui.