ootd - J’ai l’impression que ma vie est un éternelle recommencement. Pour la seconde fois, après que Kwang Ho m’ait brisé le cœur, je me suis réfugié dans le sexe, l’alcool, la drogue et les soirées à n’en plus finir. Même cet appartement en attique ressemble beaucoup à celui que j’occupais à Mokpo. Il est immense, luxueux mais je m’y sens plus que jamais seul. Enfin, plus pour longtemps puisqu’à partir d’aujourd’hui et pour toute une semaine, j’aurais un gentil petit toutou à mon service. L’idée me fait sourire alors que je fume sur l’immense terrasse pourvu d’une piscine. C’est l’avantage de vivre dans un penthouse. La vue est à couper le souffle et j’ai tout ce qu’il me faut ici sans avoir à descendre vers le petit peuple qui grouille dans les rues de Bangkok.

Terminant ma cigarette, j’emporte ma coupe de champagne à l’intérieur. Un coup d’œil à l’horloge du salon m’indique qu’il ne devrait pas tarder. De toute façon il ne peut pas se tromper, mon appartement est au dernier étage et occupe d’ailleurs toute la surface de ce dernier. A moins qu’il ne se soit dégonflé ? Il n’a pas intérêt car ma colère sera terrible. Vidant ma coupe d’un trait, je la pose sur une table d’appoint sans me soucier du désordre que je mets. J’ai du personnel pour ranger derrière moi et ils ne sont pas payés à ne rien faire.

Je caresse au passage ma princesse, une chatte blanche que j’ai adopté par hasard à l’époque où je vivais à Mokpo et qui porte un collier en véritables diamants. Rien n’est trop beau pour le seul être féminin de ma vie.

Alors que j’ai les doigts perdus dans son pelage, la sonnerie de la porte d’entrée retentit. C’est lui ! Impatient et excité comme un gamin prêt à ouvrir ses cadeaux de Noël, je crie à l’attention des domestiques :
« Ne bougez pas ! J’y vais ! »
Je me dépêche de rejoindre la porte d’entrée et ouvre à ce petit chaton qui n’image pas encore l’enfer que je vais lui faire vivre pendant toute une semaine.
« Te voilà enfin ! J’ai cru que tu allais te dégonfler. »
Je m’efface pour le laisser entrer avant de refermer la porte derrière lui, m’appuyant contre, comme pour l’empêcher de changer d’avis et de fuir. Je croise les bras sur mon torse et le détail attentivement, des pieds à la tête.

ootd - Avec autant d’obstination, ce n’est plus de la persévérance qui me tient, mais de l’intolérance au fait de perdre. Grand joueur, qui pourtant ne devrait pas se le permettre avec un compte en banque autant dans le négatif, je m’étais fait avoir à mon propre jeu. Peu de money à mettre sur le plateau, je ne pouvais pas accumuler la somme demandée. Arrivant à mon sommet, l’autre joueur bien connu du monde de la nuit, ajoute des liasses de billets sans limites connues. L’avarice au bout de la langue, je perds plus que du simple papier. Ne pouvant égaler la somme misée, je dois payer autrement. Et cela a été décidé, que je devienne un animal de compagnie, un homme à tout faire pour le roi des affaires.
Malgré mon caractère borné, je sais être loyal et redevable. Même si ma gorge est nouée, connaissant approximativement le personnage auquel j’ai à faire, je me rends à son palace. C’est vêtu d’un débardeur blanc en coton, d’un pantalon en faux cuire et de baskets de ville noires et blanches, que je m’apprête à me signaler à la porte.
Derrière, se trouve Min Jun. Fréquentant le monde de l’illégalité et du sexe, cet homme coréen est fort connu pour ses penchants vicieux. Tel un serpent, il sait envoûter sa proie par son charme ténébreux, ses mots remplis de venins ferait perdre la conscience de la plus rebelle des brebis. Un loup redoutable que je dois affronter pendant plusieurs jours.
Heureusement, si on peut dire cela de la sorte, je suis habitué aux hommes et aux femmes qui déchargent leur vice sur le grain de ma peau.
Toutefois, prévoyant, je reste sur mes gardes avec cet homme effroyable. J’ai appris au cours des années à traîner dans la rue et les différents lits, qu’il ne faut jamais sous-estimer son créancier.

Des perles de sueurs coulent sur mon front chaud. Plus tôt, j’ai couru pour atteindre le palais du roi à temps. Première règle, ne pas arriver en retard surtout quand on sait que la personne peut être dangereuse. La courtoisie d’arriver à l’heure n’est pas une option. En regardant les secondes défiler sur l’écran de mon portable, je sonne pile à l’heure.

La porte s’ouvre et la tête baissée avec la casquette couvrant mon regard, je peux voir les chaussures de luxe et le pantalon de l’homme puissant. À son salut, je retire mon chapeau et balaye mes cheveux pour les décoller. J’ose deux secondes le regarder dans les yeux, avant de déporter mon regard sur le côté. “Je respecte mon devoir.” Soldat du sexe, membre de l’armée du vice charnel, j’effectue le devoir qui m’a été donné, qu’il me plaise ou non. J’entre quand il laisse le passage se dégager et aussitôt, je m’en prends plein la vue avec toute la richesse environnante. Voyant que mon propriétaire ne s’est pas plus avancer, je me retourne et le vois adosser contre la porte en train de me dévisager de la tête aux pieds. Habitué à me faire examiner comme un simple objet, je le laisse faire ce qu’il a à faire, l’air nonchalant.
Maintenant, le service vient de commencer. Je suis à lui et je dois faire tout ce qu’il me demande. Je lui appartiens pour un temps. Le visage tourné vers le mûr, ne voulant directement lui appartenir entièrement, pas le cœur entier, je lui demande : “Comment voulez-vous m’appeler ?” Tel un animal dont on vient de devenir propriétaire, il peut me donner un nouveau nom que seul lui aura le droit d'utiliser pour me nommer et auquel je devrais répondre dorénavant.

ootd - J’éclate de rire à sa réponse. Son devoir ? Il va vivre toute une semaine dans un luxueux penthouse. Il a pire comme prison, non ? Bien sûr, je ne serais pas toujours gentil avec lui. Après tout, j’ai mauvais caractère mais je suis certain qu’il finira par y prendre goût et aimer être mon chien.

Appuyé contre la porte, je l’observe en silence, arquant simplement un sourcil à sa question. Eh bien, je ne m’attendais pas à ce qu’il entre si facilement dans son rôle et je dois dire que l’idée me plait beaucoup. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres alors que je me décolle de mon point d’appui, m’approchant lentement de lui tel un prédateur.
« Je ne sais pas, je verrais bien ce que l’inspiration me dictera. En attendant retire tes aillons. Ils sont sales et empestent. »
La puanteur de la pauvreté bien sûr. Après tout, même mes animaux de compagnie ont le droit au meilleur. Il n’y a qu’à voir le collier serti de diamant de ma chatte bien-aimée pour en être convaincu. D’ailleurs la voilà justement qui vient se frotter à mes jambes en ignorant royalement mon nouvel animal de compagnie. Après m’être penché pour prendre mon gros chat blanc dans mes bras, je fais les présentations.
« Elle, c’est Luna ma princesse. Elle est au-dessus de toi dans la hiérarchie de cette maison. Toi ? Tu n’es qu’un chien errant qui n’a pas de nom. Allé, dépêche-toi de te déshabiller. Est-ce que tu sais au moins nager ? »

ootd - Il s’esclaffe de rire prenant au sens de l’humour ma première remarque qui n’a rien de drôle pourtant. Malgré tout l’argent qui m’entoure en ce moment, je ne me sens pas particulièrement chanceux d’être dans cette situation actuellement. Emprisonné dès maintenant dans une prison dorée, je sais que je suis dès à présent réduit à un esclave avec moins de valeur que ses chats.
Retirant dès sa demande mes chaussures que je dispose à l’entrée, je me relève le visage inexpressif pour attendre la suite tel un bon chien.
En premier, il me présente son chat avec un poil tout blanc. Il me reprécise bien mon rang dans cette maison, ce qui ne m’étonne guère. Ces mots crus et vulgarisant mon être qui est pourtant humain, je ne suis plus qu’un chien errant comme il me l’a si bien rappelé. Toutefois, je reste hésitant à sa demande de me dévêtir. Des employés semblent être un peu plus loin. “Vous voulez que je me déshabille ici ?” Je veux être certain que ce soit bien le cas avant de commettre une erreur.

Enlever mes affaires dans ce couloir d’entrée ne me gêne pas en soi. J’ai dû le faire tant de fois pour des clients. “Oui, je sais nager.” Compte-t-il me faire nager plusieurs longueurs juste pour me fatiguer ? Son but, est-il de m’épuiser ? Je me demande bien quel type de perversité brûle l’âme de ce dernier.

ootd - Un soupir remplit d’exaspération traverse mes lèvres alors qu’il m’oblige à répéter mon ordre.
« Oui, retire tes vêtements ici. Dépêche pas, nous n’avons pas toute la journée. »
Essaierait-il de gagner du temps ? C’est ridicule, ça ne changera pas grand-chose à la longue semaine qu’il va passer avec moi. Je lui ferais goûter le paradis pour mieux le ramener en enfer. C’est cruel mais c’est divertissant. Et puis, si je dois passer le reste de mes jours malheureux, il est hors de question que les autres soient heureux. D’ailleurs ma condition illustre bien le proverbe qui affirme que l’argent ne fait pas le bonheur, mais j’imagine qu’à défaut d’être heureux, on peut au moins être triste en étant couvert d’or.

Sans bouger de l’entrée, j’attends qu’il retire ses vêtements. Je le regarde faire sans la moindre pudeur, laissant mon regard glisser sur son corps qui se dénude et qui n’est pas déplaisant à regarder.
« Je veux te voir intégralement nu. »
Ce qui veut dire qu’il doit aussi retirer son sous-vêtement. C’est peut-être embarrassant mais ce n’est que le début. D’ailleurs ça lui apprendra à perdre un pari aussi important.
« Tu es bien mieux nu. Allé, suis-moi. »
Je lui fais signe de m’accompagner et nous traversons mon immense appartement. Sur le chemin, nous croisons une femme de ménage mais je n’y accorde aucune importance. Je guide mon nouveau jouet jusqu’à la baie vitrée que j’ouvre pour passer sur la terrasse. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et après m’être assuré qu’il me suivait toujours je me dirige vers la piscine.
« Approche. »
Lorsqu’il se retrouve suffisamment près, je le pousse tout simplement dans la piscine. Après tout, il sait nager, non ?
« Commence par te décrasser. Après on pourra s’amuser un peu. »
Sur ces mots, je m’assois sur le bord de la piscine, remontant les pans de mon pantalon avant de plonger les pieds dans l’eau.