Madame Song lui avait vaguement parlé de son fils au téléphone, lui disant surtout que Min Jun était du genre un peu trop dépensier et qu'elle voulait qu'il se range un peu. Fini toutes ces soirées extrêmement coûteuses et lui bouffant la santé selon les dires de la mère. Yeong Su avait accepté malgré les conditions particulières, comme le fait de vivre avec l'autre jeune homme par exemple. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes et il avait un peu l'impression que cela prendrait aussi de son temps sur d'autres propositions de contrats, il allait devoir faire avec. Surtout qu'il allait être bien payé pour le coup.

Ils ne s'étaient pas encore vu et Yeong Su lui avait alors envoyé un message pour une rencontre dans un espace public, plus neutre que dans l'appartement de l'autre homme ou à son propre cabinet. Tout ce que Min Jun connaissait était son nom et son prénom, même pas son âge. Une heure donné, un lieu précis dans un café de Silom Sathorn et ils avaient simplement raccroché.

Lorsque le jour J arriva, il s'installa avec un peu d'avance à une table. Un café noir avec deux sucres, jambes croisées et observant les personnes qui entraient dans l'établissement. Vêtu d'une chemise kaki rentrée dans un pantalon en lin blanc et une veste de costume légère marron crème. Pas de cravate pour donner un air un peu plus détendu. Yeong Su savait être patient s'il le fallait et il le serait pour rencontrer ce client important, ayant de toute façon libéré sa journée juste au cas où ce dernier déciderait de le décourager en venant en retard ou en ne venant pas du tout non plus d'ailleurs.

Ils avaient rendez vous en début d'après midi, avisant l'heure, il vit que Min Jun avait encore un peu de temps pour arriver à l'heure. S'il décidait de respecter cet engagement d'ailleurs. Ne pouvant s'empêcher de se demander comment il pouvait être. Aussi bien physiquement que mentalement, espérant ne pas avoir accepté un contrat qui l'épuiserait trop.

OOTD - Je n’ai pas envie d’y aller et pourtant je sais que si je ne le fais pas, ma mère serait bien capable de mettre sa menace à exécution en me coupant les vivres. Bien sûr je n’ai pas besoin de l’argent de mes parents pour subvenir à mes besoins. J’ai mes propres sources de revenu mais elles ne pourront jamais me permettre de garder ce train de vie fait de luxe et d’orgie en tout genre. Or j’en ai besoin pour oublier que ma vie est un naufrage et que je n’ai plus goût à rien si ce n’est au sexe, à l’alcool et à la drogue. Il existe également un quatrième divertissement auquel je me prête régulièrement : celui de briser des cœurs et de répandre le malheur dans la vie des autres. Après tout, si je ne peux pas être heureux, pourquoi les autres le seraient-ils ? Et Nakharin est certainement l’un des plus beaux exemples que je puisse donner.

Tout en y pensant, je me prépare avec une certaine nonchalance. Je vais être en retard, je le sais et je m’en fiche. Si mon rendez-vous n’a pas la patience de m’attendre, alors je lui souhaite bon courage pour la suite car je ne ferais rien pour lui faciliter la vie. Sauf s’il renonce à obéir aux directives de ma très chère mère. D’ailleurs elle m’énerve quand elle fait ça. Quand elle se souvient qu’en tant que mère son rôle est de m’empêcher de mener une vie de débauche et d’excès en tout genre. Est-ce que moi je juge sa manière de vivre ? Non, alors qu’elle me laisse tranquille. Après tout à mon âge, j’ai quand même le droit de choisir comment je veux gâcher ma vie.

J’ai rendez-vous dans un café avec un certain Saeki Yeong Su. C’est un genre de conseiller financier ou de gestionnaire. En fait je ne sais pas très bien ce qu’il fait et dans le fond, je m’en contre fiche. Tout ce dont je suis sûr, c’est qu’il va m’empêcher de dépenser comme bon me semble mon argent alors je ne compte pas lui faciliter les choses. Voilà pourquoi j’ai décidé d’être en retard. Ça lui donnera le ton de notre relation.

J’arrive avec vingt minutes de retard et comme j’ai éteint mon téléphone portable, il aura beau essayer de m’appeler, il ne pourra que déverser son mécontentement sur un répondeur que je n’écoute pour ainsi dire jamais. Autant dire que j’arrive avec le sourire dans ce café où je compte prendre un cappuccino tout en réfléchissant au prochain vilain tour que je pourrais jouer. Soit à cet homme, soit à une âme égarée. Et en parlant d’âme égarée, mon regard se pose immédiatement sur un homme particulièrement séduisant. Il est seul et semble attendre quelqu’un. Un rendez-vous personnel ? Professionnel ? Qui sait ? Je l’observe du coin de l’œil tout en avançant vers le comptoir. Je demande un cappuccino et indique à la serveuse de l’apporter à la table où se trouve ma nouvelle proie. Oui, j’ai déjà oublié cette histoire de conseiller financier et ce que j’ai en tête s’avère bien plus intéressant.

Après avoir commandé, je m’approche de sa table et tire une chaise pour m’y installer, lui adressant au passage mon plus beau sourire.
« Est-ce que ça vous ennuie si je m’installe un instant ici ? »

Du genre très patient, ça ne le dérangerait pas d'attendre dans ce café. Non seulement leurs boissons chaudes étaient bonnes, mais l'ambiance était agréable aussi. Tapotant doucement sur sa tasse, il en prend une gorgée en observant chaque homme passant la porte d'entrée. Les femmes ne l'intéressaient pas aujourd'hui, puisque c'était un jeune homme qu'il attendait. Enfin jeune, il n'en savait rien en fait puisqu'il n'avait même pas l'âge de Min Jun. Est ce qu'ils étaient de la même génération ? Etait il plus jeune ? Cette seconde hypothèse expliquerait pourquoi sa mère veut faire gérer ses finances.

S'il remarque le bel homme qui rentre dans l'établissement, il ne s'attarde pas plus que cela dessus en le voyant se diriger directement vers le comptoir. Regardant alors sa montre et avisant le fait que cela faisait déjà vingt bonnes minutes que Min Jun aurait du être arrivé. Tant pis, il attendrait encore un peu et après peut être une heure, il finirait sans doute par partir en essayant de le recontacter. Et s'il n'y parvenait pas, alors il enverrait tout simplement un compte rendu à Madame Song et il verrait bien ce qui se passerait.

Alors qu'il prenait une nouvelle gorgée de café, l'autre homme s'approche de sa table, lui souriant. Yeong Su l'observe une seconde, ne se gênant pas pour le détailler ouvertement, avant de croiser son regard. Accepter quelqu'un à sa table alors qu'il attendait déjà une autre personne n'était sans doute pas une bonne idée. Pourtant, l'inconnu était un bel homme, il ne pourrait pas le nier.

- A vrai dire, j'attends déjà une autre personne..

Son regard se porte à nouveau vers sa montre, puis vers l'inconnue.

- Mais je ne pense pas qu'il viendra réellement, donc pourquoi pas après tout.

Il lui désigne la chaise en face de lui d'un geste de la main, lui souriant à son tour et ne le quittant pas des yeux. Recommençant à tapoter sur sa tasse qu'il avait déjà terminé maintenant.

OOTD - Il attend quelqu’un ? Qui visiblement ne viendra pas. Une chance pour moi et il ne m’en faut pas plus pour m’installer en face de lui, le dévorant déjà du regard. C’est indécent et pourtant de ma part, ce n’est pas surprenant. Un si bel homme… comment peut-on lui poser un lapin ? C’est criminel mais c’est une chance pour moi et je compte bien la saisir. J’ai besoin de nouveauté et il semble être le candidat parfait avec lequel tromper l’ennui.
« Parfait, c’est presqu’un signe du destin. »
Je lui adresse mon plus beau sourire, ravie de pouvoir passer un moment avec un aussi bel homme, plutôt qu’avec le vieil aigris que j’étais sensé rencontrer. Parce qu’il était forcément vieux, n’est-ce pas ? Connaissant ma mère, elle n’aurait pas pris le risque de contacter quelqu’un qui aurait pu me plaire.
« Vous êtes Coréen ? De passage peut-être ? »
Il a l’air plus Coréen que Thaïlandais mais depuis que je vis ici, j’ai découvert qu’il y avait une importante communauté coréenne établie ici depuis longtemps alors on ne peut pas vraiment se fier au physique, même si de ce point de vue, ce que je vois déjà me plait beaucoup. D’ailleurs à sa façon de s’habiller, il a l’air d’un homme d’affaire. J’espère qu’il sait quand même s’amuser. Sinon, je lui apprendrais. Après tout, Bangkok est la ville de tous les plaisirs et en la matière, on peut dire que j’en connais un rayon.