WANNA PLAYUn jeu de cartes en main et mon existence disparaît. Ce soir, mon client a voulu aller au casino avant de m’amener à l’hôtel pour me baiser. Alors, patiemment (mais surtout sans avoir le choix), j’attends qu’il termine son pari. En face de lui, un homme qui doit faire dix fois mon poids, avec le crâne rasé et une paire de lunettes noires sur le nez, lui tient tête. Il mène le jeu avec brio. Il ne tremble pas et sa gestuelle montre une confiance déconcertante.
Leur échange de cartes perdure et mon manque d’attention s’essouffle. La jambe tremble sous la table et mon client se sent déconcentré, alors il me renvoie ailleurs d’un balayage de main réducteur. Tel un bon chien, j’obéis et me retire du centre de l'attention pour tenter de trouver un autre endroit où me caler sans déranger. N’ayant guère les moyens de me payer un verre, je me suffis à savourer l’oxygène de cet environnement propice pour les plus avares.
Alors que mon regard furtif s’ennuie du paysage, un sentiment plus excitant vient chatouiller le bas de mon ventre lorsque je vois une personne qui m’est familière. Sans précipitation, je marche pour rejoindre cet individu qui semble déjà occupé avec une autre personne. Pour ne pas paraître malpoli, j’attends une ouverture et dès qu’il m’est possible d'interagir, j’ouvre la bouche. “Bonsoir monsieur Pataweee.” Cet homme à la chevelure très sombre se trouve être le gérant du casino, mais aussi un de mes fidèles clients. Sa fidélité se temporise peut-être une fois par mois maximum, mais cela se reproduit tous les mois. En conclusion, cette régularité fait de lui un des clients les plus fidèles de mon répertoire.
C'était une soirée comme tant d'autres. Un passage au casino oblige, comme toujours et il avait quelques affaires à régler en plus. D'abord dans son bureau, remplissant des papiers et checkant régulièrement les caméras de surveillance. Il fut ensuite interpellé par un employé, se rendant donc dans la salle de jeu avec lui. Ecoutant ce qu'il avait à lui dire, faisant le point de la journée passée avant qu'il ne laisse un collègue reprendre sa place. Hochant un peu la tête, Khunpol avait glissé ses mains dans ses poches de jean, observant un peu la salle de temps à autre.
Son regard croisa celui d'une personne qu'il connaissait bien d'ailleurs, le voyant approcher dans sa direction et ne pouvant retenir un léger sourire. Metawin. Le gérant était un de ses habitués, peut être même celui qui venait le voir le plus souvent depuis un bon moment déjà. S'il s'attendait à le croiser là ce soir.. Finissant donc sa discussion un peu plus rapidement que prévu, il fit signe à son employé qu'il pouvait rentrer chez lui à présent.
- Bonsoir Metawin. Comment vas tu ?
Bien que le plus jeune lui serve du monsieur, lui ne se gênait pas pour le tutoyer et l'appeler par son prénom. D'ailleurs, dans l'intimité, il lui avait dit de l'appeler Khunpol également. C'était tout de même plus plaisant à certains moments, n'est ce pas ?
Approchant d'un pas supplémentaire, il sort une main de sa poche pour venir passer son bras autour de la taille du jeune homme et le rapprocher de lui. Venant écarter une mèche de son front de l'autre main, avant de regarder à nouveau dans la salle de jeux.
- Tu accompagnes quelqu'un ?
Parce qu'il était assez évident que Metawin n'avait pas les moyens de venir s'amuser ici seul, à moins qu'il n'ait gagné à la loterie ? Mais, il en doutait fort et le jeune homme devait donc être avec un de ses nombreux clients. Mais, qui cela pouvait il être ? Khun était prêt à lui offrir quelques parties sur une table ou même un peu d'argent pour qu'il laisse Win le quitter et qu'il aille s'amuser ailleurs. Parce que maintenant qu'il avait posé la main sur son cadet, il n'allait pas le rendre aussi vite.
WANNA PLAYDe belles lèvres, des yeux noirs comme le charbon, Khunpol me tutoie et sympathise avec moi. Toujours autant charmé par son naturel, cet homme a tendance à me déstabiliser par sa gentillesse. Habitué à être souillé et réduit comme un objet, un peu d’intérêt comme le montre cet homme mature me donne du réconfort. Le regard dirigé vers le bas quand il touche mes hanches, pourtant habituellement peu sentimental, mon cœur s'électrifie légèrement. “Je vis. Et vous ?” Difficile de répondre par une note très positive sur mon état actuel tout en sachant que dans quelques minutes, je vais vendre mon corps à un vieillard qui n’en a rien à foutre de moi. Seul mon cul l’intéresse, rien de plus.
Un soupir fatigué et exaspéré se lâche lentement de ma bouche, pendant que mon dos prend appui contre le mur derrière moi. “Cet homme là-bas.” Dis-je en donnant un coup de tête, en face de nous. Cet homme, autour d’une table avec d’autres, les cheveux grisâtres et des lunettes de soleil pendues au bout du nez pour camoufler ses yeux explosés par l’alcool ambré. Sans pourtant chercher à le séduire, mais plutôt par ennui, mon index vient caresser le dos de sa main et tous les doigts, sur leur longueur, le regard captivé par ce membre.
Pour l’instant abandonné par mon client, je profite de cette opportunité pour échanger avec l’homme aux airs de prince charmant. Toutefois, prudent, je n’ai pas le désir de le déranger plus longtemps. Le voir me ravit déjà assez.
La réponse du plus jeune n'est pas tout à fait satisfaisante, mais il savait que ce n'était pas tous les jours facile pour lui. D'ailleurs, il s'intéressa au fait qu'il accompagne quelqu'un, se doutant que c'était la raison de sa présence dans cet endroit dont il ne pourrait sans doute pas se payer grand chose. Khunpol n'avait pas à se plaindre de sa place, vivant bien de son côté, même s'il pouvait être présent pour quelques transactions un peu plus dangereuses que d'autres, au moins il était plus qu'à l'abris du besoin. Ce qui n'était pas vraiment le cas de Metawin.
Ce dernier laisse d'ailleurs un soupir lui échapper et s'appuie contre le mur en lui désignant son client de la soirée. Un vieux et qui semblait clairement plus attentif aux jeux qu'au garçon qui était censé lui tenir compagnie.. Décidément, cela ne devait pas être une bonne soirée pour le jeune homme.
- Je vois.. Attends moi là.
Khunpol laisse une de ses mains glisser sur le bras de Metawin, avant de se diriger vers la table de jeux et discuter quelques instants avec le vieil homme. Faisant glisser deux colonnes de jetons vers lui avec un sourire, avant de lui serrer la main et de lui souhaiter une bonne soirée d'amusement. Puis, il revient vers son cadet, mains dans les poches et un petit air ravie sur le visage.
- Que dirais tu de passer la soirée avec moi ? Il va de soit que tu sera payé.
Ca ne pourrait qu'être mieux qu'avec ce joueur trop alcoolisé, n'est ce pas ? Du moins, il ferait en sorte que cela soit le cas.
WANNA PLAYKhunpol et moi, nous sommes très différents. Lui, il a l’argent que je n’ai pas. Il est plus vieux et il semble stable. Il est charmant, classe et mature. Pourtant, la vie a fait en sorte que nos chemins se croisent et que régulièrement nos corps se rencontrent sous les draps. Encore aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi il a cette attache pour moi. Il pourrait très bien se trouver un prostitué bien plus dans des critères accordés aux V.I.P, mais c’est un jeune garçon pauvre, au corps maigre et musclé souvent couvert d’ecchymoses, qu’il a choisi de fréquemment fréquenter.
Le prince charmant aux allures mystérieux m’échappe en glissant un peu de sa chaleur le long de mon bras. Je le surveille, d’un regard avisé et de loin. Il s’approche de mon client et je suis curieux de savoir ce qu’il va faire. Même s’il lui foutait une balle dans le crâne, ça m’faire rien, juste un peu chier pour l’argent que je suis censé toucher. De ma position, je ne vois pas très bien ce qu’il se passe. Tout ce que je peux comprendre, c’est que le vieillard le remercie et dans tout ce processus, il ne prend même pas la peine de me chercher dans la pièce. Clairement, il n’en à rien à foutre. Et tout naturellement, le gérant revient vers moi. Silencieusement impressionné par son charisme, je me redresse à deux pas de lui. “Tu m’as déjà payé en m’aidant.” Je me mords la lèvre inférieure, à moitié embarrassé. Peut-être que je viens le déranger alors qu’il avait autre chose de prévu. Pensif quelques secondes, mon attention se rattache à nouveau sur le plus vieux. Puis, en m’approchant un peu plus, d’une voix basse et les bras qui longent le corps, je m’offre à lui. “Je suis tout à toi.” Toujours avec ce regard triste qui noie mes pupilles, cet air insensible et frêle, je suis ce garçon au corps couvert de bleus qui veut rendre son client heureux.
Bien que Metawin soit payé pour passer quelques moments avec lui, Khunpol avait apprit à l'apprécier au fil de leurs rencontres. Et peut être était ce un brin de possessivité, qui l'avait poussé vers la table de jeux à ce moment là ? Ou peut être la frustration de voir ce vieux décrépit plus intéressé par les cartes que par ce beau jeune homme à ses côtés ? Il n'en savait trop rien et préférait ne surtout pas trop y réfléchir. Ayant offert assez d'argent pour que le client accepte d'abandonner Win a ses mains pour la soirée.
Revenant alors vers lui, un léger sourire aux lèvres, ravie d'avoir le jeune homme pour lui seul maintenant. Lui proposant alors de passer la soirée en sa compagnie et précisant qu'il serait évidemment payé pour cela. Metawin semble être prit d'une certaine gêne après lui avoir dit qu'il l'avait déjà payé en l'aidant. Et le plus vieux attend patiemment sa réponse, gardant toujours les mains dans ses poches.
Ce n'est que lorsque son cadet s'approche finalement en lui disant être tout à lui, qu'il sort une de ses mains pour venir écarter une mèche de son front et y déposer ses lèvres dans un baiser assez léger. Son regard croisant le sien lorsqu'il s'écarte et ses doigts venant caresser sa joue.
- Si on commençait par te faire sourire ? Dis moi ce qui te ferait plaisir et si je peux te l'offrir, alors je le ferais.
Khunpol avait envie de prendre soin de lui ce soir. De ne plus voir cette lueur de tristesse permanente dans le fond de ses yeux. Ca lui faisait quelque chose à chaque fois, bien qu'il ne l'avoue pas. Sa main avait glissé vers son épaule, ses doigts remontés dans sa nuque qu'il caressait distraitement sans le quitter du regard.
WANNA PLAYCes petits gestes minutieux et portant de l'attention sur quelqu’un en ferait craquer plus d’une/un. Sa réputation de bel homme et de copain parfait n’est peut-être pas qu’un canular. Avec cette délicatesse qui le tient, ses lèvres rencontrent les miennes d’un geste simple et doux, telle une rose rosée que l’on offre sans raison, juste pour la pensée. Sentant ses doigts se balader librement sur certaines parties de mon corps, je pense mon visage perceptiblement sur le côté tout en profitant de la chaleur que dégage sa main lorsqu’elle se trouve proche de ma nuque. “Ne va pas regretter tes paroles.” Un sourcil arqué, je préfère le prévenir qu’il peut se lancer dans une aventure plus étonnante qu’une simple réclamation d’une bouteille de champagne offerte
Soudainement absorbé par une aura malicieuse, ma bouche s’approche d’une oreille. “Suis-moi.” Ma main gauche s'unit avec sa main droite, pour l'emmener dans un couloir indiqué “sortie de secours”. Et sans prévenir, je grimpe sur son dos. M’accrochant à lui, comme un petit singe perché sur son arbre, je referme mes yeux au-dessus de ses yeux. “Tu dois parcourir ce couloir en courant le plus rapidement possible.” Je risque de tomber, il risque de se prendre un mur, mais rien à la fin ne sera alarmant. Soyons juste fous, un instant.
Khunpol avait envie de le faire sourire. De lui faire passer une bonne soirée pour changer. Essayer d'illuminer un peu ce regard triste qu'il croisait trop souvent. Il émit un léger rire à la remarque du jeune homme et secoua légèrement la tête.
- Je ne le regretterais pas. Fais toi plaisir.
Et il était sérieux. Ce n'était pas comme s'il manquait d'argent de toute façon, donc il pourrait lui offrir à peu près ce qu'il voulait. Metawin semble soudainement avoir une idée, un éclat un peu malicieux le prenant et lui soufflant près de l'oreille de le suivre. Sa main glisse dans la sienne et il l'entraine dans le couloir qui menait à la sortie de secours. Un endroit donc très peu fréquenté et heureusement.
Khun est un peu surprit lorsqu'il lui grimpe sur le dos sans prévenir, levant les yeux vers lui alors que ses mains viennent automatiquement le soutenir au niveau des cuisses. Que voulait il faire ainsi perché..? Ses mains se posent sur les yeux du brun pour lui boucher la vue et il esquisse un sourire amusé à sa demande. Courir dans le couloir à l'aveugle ? C'était aussi fou qu'enfantin..
- T'es vraiment pas comme les autres Metawin.. N'importe qui aurait voulu un truc cher et toi, tu me demandes de te balader sur mon dos en courant dans un couloir sans voir où je vais..
Emettant un léger rire, il s'exécute pourtant. Une chance pour lui, il connait ce couloir. Comptant le nombre de pas qu'il faisait pour ne pas se manger la porte de sortie en face. S'arrêtant d'ailleurs de justesse, sans le savoir puisqu'il ne voyait rien. Se tournant et comptant à nouveau ses pas en courant dans l'autre sens. Le tapis épais étouffait le son de ses pas de course. Recommençant en allant vers la porte, puis dans l'autre sens.
Cependant, une voix effrayée le fit se stopper net. Sans doute avait il faillit rentrer dans une autre personne. Venant écarter une des mains du jeune homme, il regarda l'employée en face d'eux et s'excusa de l'avoir effrayé. Lui disant de retourner à ses activités, qu'il n'était pas disponible pour le moment.
- Que voudrais tu faire d'autre ?
Son regard se relève vers le garçon toujours sur son dos, sa main tenant toujours la sienne et caressant distraitement le dos de sa main de son pouce.
WANNA PLAYTous les jours, ou plutôt tous les soirs, je dois me comporter comme un jeune qui supporte les responsabilités d’un adulte ou tel un adulte qui doit se comporter comme un juvénile pour faire échapper le mal qui ronge les cafards de ce monde. Tel un adolescent, musclé et maigrichon à la fois, je dois laisser mon corps se faire caresser par celui qui m’a acheté pour décharger ses pulsions perverses. Et tel un adulte, je dois accumuler ces actes, vivre avec et en faire mon business. Il faut que je sache prendre mes responsabilités, ne pouvant me reposer sur mes lauriers en déchargeant ce poids atroce sur mes parents, fort éloignés de moi depuis longtemps. Toutefois, ce contrat, qui lie mon corps à l’argent, est ce qui me permet de rembourser cette dette qui me colle à la peau depuis plus d’un an maintenant. Alors, j’évite de me plaindre car, comment je survivrais sans ça ?
“Les choses chères ne m’font pas vivre et si j’dois crever un jour, c’est pas ça qui va me faire partir le sourire aux lèvres.” Alors, oui, je préfère le faire courir à l’aveugle dans un couloir, rire aux éclats perchés sur son dos. Le grouillement des papillons dans le ventre pourrait faire s'envoler mon cœur vers une utopie où seraient brisées toutes mes chaînes.
Manquant de foncer dans un personnel, la main levée vers le ciel, je crie de joie et d’excitation sur le plus beau des étalons. Il cumule les trajets, et par chance ou alors, professionnalisme, il ne se prend aucun mur. Le premier désir du fou terminé, je le sens caresser mon dos avec l’un de ses doigts. Le cou passé au-dessus de son épaule, et le visage penché vers lui, proche de son cou, l’air chaud de ma bouche se faufile sur sa peau. “Je veux que tu essayes de m’attraper. Si tu m’attrapes, ce sera à moi de te faire plaisir.” Un sourire malicieux se dessine discrètement sur mes lèvres et je me jette pour descendre de son dos aussi puissant qu’une armure. Je me place parallèlement à lui, mes genoux s’arquent et mon dos se penche légèrement vers l’avant. “T’es prêt ?” Le regard qui dérive dans sa direction, voyant sa carrure au coin de l'œil, je lance le décompte. “On part à zéro. 3….” Quelques secondes s’écoulent entre chaque chiffre. “2…” À nouveau, un sourire d’excitation s’empare de moi. “1…” Le ventre tordu, je sens de l’électricité circuler à l’intérieur de moi. “0 !” Mes jambes se mettent machinalement à fonctionner à l’arrivée du zéro, et je fonce. Je cours, le plus vite possible, au début sérieux. Je cours sans regarder derrière moi, passant dans les cuisines, des couloirs et je me retrouve bloqué dans un bureau. Derrière un bureau, qui est celui de Khunpol d'après son nom d'inscrit sur une plaquette, je fais des mouvements à gauche puis à droite pour esquiver et trouver un moyen de m’échapper.
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Kazino (ft. Khunpol) écrit Jeu 6 Jan - 22:36 
