Anecdotes ou Story Time
warning : Lee est un homme transgenre qui a fait ses opérations après ses 18 ans en Chine, je vais régulièrement switcher entre le "il" (Lee) et le "elle" (Liliane). Il au présent et elle au passé.Chapitre 1 ~ Tout a commencé en Chine. Un couple attendait un heureux événement, deux beaux petits bébés en parfaite santé. Un petit garçon, et une petite fille. Des faux jumeaux qui avaient cohabité dans le ventre de leur mère durant plusieurs mois sans arriver à terme. Le garçon allait ressembler à sa mère, tandis que la fille serait le portrait craché de son père.
Mais cette famille ne verrait jamais le jour.
Quelques jours après leur naissance, alors que les jumeaux étaient encore à l’hôpital, une mystérieuse organisation se manifesta de la pire des manières. Elle fit le choix d’arracher l’un des deux bébés à sa toute récente famille de sang.
La vérité ? L’homme engagé pour enlever le bébé était un employé de l’ombre, vivant du trafic d’êtres humains pour personnes fortunées. Cet homme qui avait eu le malheur de croiser ce nouveau-né innocent et de l'échanger contre une forte somme d’argent, avait d’abord pris soin de cacher le nourrisson dans des locaux aménagés pour l’occasion afin de lui prodiguer les premiers soins (il devait sécuriser la santé du nouveau-né précoce pour pouvoir le transporter).
L’organisation ayant nombre d’employés, toute une équipe médicale de l’ombre fut dépêchée dans ces mêmes locaux tenus secrets). Tout était parfaitement organisé, du kidnapping au sein même de l'hôpital, jusqu'à la livraison finale du bébé.
Une fois la transaction financière effectuée, l’homme s’était chargé de faire passer le nouveau-né aux parents qui s’étaient déplacés depuis les USA, comme pour une adoption classique, à la différence que le bébé avait été volé à une autre famille et échangé contre une énorme somme d’argent, avec en bonus toute une panoplie de faux papiers. Le couple aurait pu passer par la voie classique… Mais ça aurait été trop long. Ce couple voulait un bébé maintenant. Alors pourquoi s'en priver ? Et si les simples prolétaires n’étaient pas capable de protéger leur progéniture, ce n’était pas leur problème.
Ces clients étaient suffisamment riches pour pouvoir se permettre d’acheter/voler un enfant à ses parents, et de lui acheter tout un tas de faux papiers aussi bien réalisés que des vrais.
Ce couple, qui s’en était pris à la famille de cet enfant était sino-américain : Sullivan James et Sullivan Xiu Lian étaient passés du côté obscure de la société en faisant appel à cette organisation criminelle.
Ils étaient pourtant des représentants de la loi, l’une étant procureur général de Washington, et l’autre directeur de la police de Washington.
Mais devant l’impossibilité d’avoir des enfants, la pression de la société et le désir ardent d’avoir une descendance, ils étaient redevenus de simples humains capricieux.
Ils avaient craqué, étaient passé par la mafia chinoise pour « adopter » de manière « détournée » une petite fille qui se nommera désormais : Sullivan Liliane. Ils l'avaient décidé ainsi.
Ce n’est que quelques temps après, lorsque la santé du nourrisson le permis, que la famille Sullivan : James, Xiu Lian, et Liliane retournèrent à Washington dans leur résidence principale.
Mais pour Liliane, la version officielle (jusqu’à ce qu’elle découvre le pot-aux-roses) était qu’elle était née à Washington, et avait été adoptée suite au décès de sa mère en couche. Son soi-disant père ne l’avait quant à lui jamais reconnu.
C’était cette version qu’elle avait eue lorsque ses parents décidèrent de lui expliquer ses origines, ou du moins, la vérité qu’ils avaient construits au fur-et-à-mesure de la vie de leur petite fille. Liliane était fille unique et sa famille avaient des origines chinoises par sa mère, tandis que son père était américain.
James était directeur de police depuis de nombreuses années, il était reconnu et respecté par ses pairs et avait un nombre incalculable de relations avec des juges, des chirurgiens, des membres du FBI hauts placés, d’autres directeurs de police, des directeurs d’hôpitaux, des journalistes, des politiciens, des artistes… Personne ne l’avait jamais soupçonné de corruption, ou ceux qui émettaient un doute se retrouvaient immédiatement décrédibilisé… Ou ils disparaissaient sans que l’on n’entende plus jamais parler d’eux.
Quant à sa femme, Xiu Lian (ce qui signifiait lotus élégant en mandarin), était procureur général de Washington depuis une dizaine d’années. Ses relations étaient toutes aussi étendues que celles de son mari. Et tous deux avaient bon nombre d’amis qui n’avaient aucun scrupule à parfois détourner la loi en leur faveur.
Qui se ressemble, s’assemble.
Chapitre 2 ~ Une enfance sous deux visages et un vide impossible à combler
Liliane n’avait jamais été simple à gérer. Alors qu’elle était à peine rentrée dans le système scolaire, elle faisait régulièrement des crises d’angoisse, avec une peur panique des espaces trop confinés et surtout sans fenêtre. Mais si ce n’était que ça…
Elle avait une angoisse de la solitude et devait toujours être accompagnée, par ses parents, par une bonne (car bien sûr, ses parents étant fortement fortunés, ils avaient tout un personnel de maison à leur service), par sa nounou, et lorsqu’elle n’avait vraiment personne, un animal de compagnie faisait l’affaire. Les petits chiens. Elle aimait bien les petits chiens.
Mais le plus compliqué, c’était bien son impossibilité à gérer la frustration et la colère. Systématiquement, elle frappait quiconque la contredisait, elle était brusque, criait, cassait ses jouets, pleurait et frappait encore. Et elle faisait ça depuis qu’elle était en âge de marcher et de frapper.
Cependant, si Liliane pouvait être difficilement gérable, elle pouvait également être la plus adorable des petites filles : Vigoureuse, volontaire... Parfois autoritaire (et elle détestait que l’on lui donne des ordres). Son père disait d’elle qu’elle était un peu un garçon manqué dans sa manière d’agir (même si elle restait coquette), mais avec une bonne attitude. Alors elle n’était évidemment pas calme, car elle aimait se promener sur la propriété des Sullivan, explorer les bois, grimper aux arbres… Elle ne tenait pas tellement en place, mais c’était un moindre mal, tant qu’elle ne piquait pas de crises, les Sullivan étaient heureux.
Mais tout cela était du point de vue des adultes. Les Sullivan, les professeurs, les domestiques…
Toi, tu savais. Tu savais que tu ne faisais pas exprès, que tu n’étais pas méchante. Tu avais juste peur, tu avais juste mal. Quand la colère t’envahissait et que tu te mettais à casser des choses, tu te sentais mieux. Tu souffrais moins. Mais tu te sentais quand même seule. Ton cœur était froid, il était vide, mais comme tu étais petite, tu n’arrivais pas à l’exprimer.
POURQUOI est-ce que tu ne te sentais pas comblée ? Même en te regardant dans la glace, tu avais l’impression de ne pas te reconnaître. Tes parents ne t’apportaient pas ce que tu recherchais, ils ne te comprenaient pas.
Personne ne te comprenait. Pas même toi finalement. Et c’était frustrant.
Ainsi, les Sullivan essayèrent plusieurs choses pour tenter de venir en aide à leur fille. Il l’avait inscrite à des cours de systema (art martial russe basé sur le self defense et la respiration) lorsqu’elle était plus jeune (4 ans) pour qu’elle apprenne à maîtriser ses émotions (et qu’elle sache se défendre également).
Cette solution n’ayant fonctionné qu’un temps (Liliane avait fini par "se bagarrer" avec des camarades de classe), finalement les époux se tournèrent vers la science.
C’est donc vers ses 6 ans que la petite fille fut diagnostiquée comme étant bipolaire. Elle était malade, et pas juste difficile. Et si elle était malade, il y avait un traitement. Plusieurs. Elle allait pouvoir être soignée, c’était tout du moins ce qu’ils avaient pensé.
Ils étaient loin de se douter qu’ils allaient traîner leur enfant en enfer.
Liliane commença alors les traitements, les cocktails de médicaments et les allées et venues incessantes à l’hôpital. Chaque traitement devait être prit sur une longue période pour juger de son
inefficacité. Et lorsque les médecins se rendaient compte que ça ne fonctionnait pas correctement par rapport à sa santé ou aux effets secondaires, ils changeaient les doses, ou un médicament du cocktail. Et c'était reparti pour une longue période de souffrance et d'expérimentation.
Tu détestais prendre ces médicaments… Ils te rendaient triste. Fatiguée. Parfois malade. Mais tu ne pouvais rien dire, parce que tes parents te disaient que c’était pour ton bien, et que tu n’avais pas le choix. Quand tu étais en colère, tu faisais mal, tu étais méchante avec eux. Il fallait que tu prennes ces médicaments pour aller mieux.
Tu détestais aussi les hôpitaux et les médecins. Ils t’observaient sans cesse, te posais toujours les mêmes questions et apportaient des réponses toujours différentes. Parfois ils te faisaient mal avec leurs piqûres.
Mais personne n’écoutait ce que tu disais. Quand tu avais mal, quand tu avais peur. Ni ton père, ni ta mère.
Personne. Ce manège dura jusqu’aux 11 ans de la petite fille. Jusqu’à ce qu’elle quitte la Elementary School (école primaire) et rejoigne la Middle School (collège). C’est à partir de cet âge là qu’elle commença à prendre la décision d’arrêter d’avaler ses cachetons. Elle allait certes redevenir instable en situation de stress, voire agressive parfois, mais c’était mieux que l’état dans lequel la mettait ces substances.
Mais voilà… Ses parents n’étaient pas tout à fait au courant.
Chapitre 3 ~ Un adolescence mouvementée et un début d'amitié... marquantTu avais maintenant 11 ans. C’était entre autres, le début de l’adolescence, avec l’arrivée des menstruations, des nouvelles formes de ton corps, des premiers intérêts pour les garçons, des fortes amitiés…
Enfin, ça c’était en théorie. Parce que ton adolescence ne s’était absolument pas passée ainsi. À commencer par les relations amoureuses. Tu ne comprenais pas vraiment le concept… Tu ressentais de l’affection pour des personnes, oui. Tu les trouvais attirantes… Oui. Mais… Pourquoi n’en avoir qu’une seule ? Et pourquoi devoir être dépendante de cette affection ?
Toi tu étais plutôt connue dans ton collège pour faire tomber les garçons comme des mouches et changer de petit copain comme de chemise.
Tu aimais le changement, et l’intérêt qu’ils te donnaient. En échange, tu leur donnais quelques bisous, et ton affection (par exemple sous forme de lettres, même si tu n'en pensais pas un mot). Le fait de pouvoir faire ce que tu voulais d’eux était donc particulièrement grisant.
Mais tu n’en avais jamais parlé à tes ‘’copines’’, elles, restaient persuadées que tu étais à la recherche du grand amour. Elles n'auraient pas compris ton point de vue. Déjà à ton âge, tu avais perçu que tu étais différente.
Ahh. Elles. Ces filles. Tout un groupe d’adolescentes s’était greffé autour de toi, t’auto-proclamant la fille la plus ‘’cool’’ du collège. Parce que tu étais jolie, intelligente, sportive, mignonne, que tes parents étaient très influents, et que tu savais te battre (ça t’était déjà arrivée de dérouiller des garçons trop insistants).
Pour toi il n’y avait rien d’exceptionnel à avoir de très bonnes notes, tes parents ne te laissaient pas le choix, tu devais être excellente partout, sinon tu pouvais dire au revoir à ta liberté.
Ta liberté, ça passait par les sorties, mais également ton ordinateur. C’est à cette période que tu as commencé à aller sur internet, à apprendre à programmer (d’abord des choses simples, puis plus complexe) et enfin… à pirater, en apprenant en auto-didacte.
Pour en revenir à ton collège, tu aimais bien sortir avec des garçons, et tu avais également essayé avec des filles. Ça avait fait scandale au début (surtout auprès des parents), mais quiconque te connaissait savait qu’il était inutile de t’interdire quoi que ce soit. Et d’ailleurs, tu avais également pas mal de succès auprès des filles. Ton côté un peu plus vigoureuse sans doute. Ou ce que d'autres appelaient "ton côté garçon manqué".
Il y avait juste un garçon qui était aussi étrange que beau. Tu l’avais approché au début de ta scolarité par curiosité, parce qu’il y avait une rumeur qui courrait sur lui, qu’il n’aimait pas les filles. Tu avais voulu le vérifier, mais au final, tu n’en savais rien. Il t’était sympathique, bien plus que la basse-cour qui suivait le moindre de tes pas une fois que ton chauffeur te déposait devant le collège (mais ils se complétaient bien, tu ne parlais pas maquillage avec lui par exemple).
Tu l’avais tellement apprécié que tu l’avais même invité pour ton anniversaire, lui, au lieu du reste de « tes amies », leur prétextant que tu essayais de sortir avec lui (ce qui était totalement faux, tu le trouvais juste plus intéressant).
Concernant tes formes de jeune adolescente… Tu les détestais. Tu n’aimais pas ta poitrine, tu n’aimais pas tes hanches… Tu n’aimais pas… ça. Quand tu te regardais dans un miroir, nue ou habillée, tu sentais un malaise, comme s’il y avait quelque chose de faux. Comme si… Tu étais en train de mentir. Ce n'était pas toi. Il te manquait quelque chose.
C’est à tes 12 ans que tu t’intéressas à la trans identité et tout ce que ça pouvait impliquer. Tu recherchais des réponses, trouver une case qui pourrait te correspondre et t’aider à mieux te comprendre.
En parallèle, tu prenais de plus en plus rarement tes traitements. Et ça se ressentais dans tes relations. Tu étais bien plus irritable lorsque tu étais stressée , cassante, capricieuse, colérique… Mais également plus vivante, plus en forme, plus rayonnante, plus gourmande. C’était étrange d’avoir la sensation de devoir aller mal pour aller bien… Mais c’était ta situation.
Lorsque tes parents te soupçonnaient de ne plus prendre tes médicaments, tu simulais en reprenant ton traitement comme si de rien n’était. Temporairement.
Tu ne voulais plus retourner à l’hôpital, et tu ne voulais plus de suivi plus lourd que ce que tu avais déjà.
Malgré tout, tu tentais comme tu pouvais de te contrôler lorsque tu étais en public. Mais c'était dur.
Tu étais définitivement différente, tu n'étais pas le stéréotype de ses ados à l’attitude qui se voulait parfaite. Toi tu étais peut-être mignonne, mais bien plus directe, plus ouverte, plus libre et plus indépendante (même si tu ne refusais jamais des sucreries de tes prétendants et prétendantes). Plus provocatrice également.
Si évidemment tu étais vivement critiquée (par ceux que tu considérais être les plus jaloux), il y avait aussi beaucoup de jeunes qui te disais t’admirer et t'apprécier.
À tes 13 ans, tu te posais toujours des questions sur ton identité, tu en avais parlé à ton seul ami garçon, le seul avec qui tu n’étais pas sorti également, et le seul avec qui tu trainais parfois lorsque tu n’avais pas de rendez-vous amoureux. Celui qui étais dans ta classe durant ta première année de collège et qui l'était également cette année-là. Celui que tu avais invité durant ton anniversaire.
Tu traînais plus avec lui à l'extérieur qu'avec tes copines de classe, qui elles squattaient régulièrement ta maison lors de soirées ‘’entre filles’’. Tu les voyais bien assez à ton goût.
Mais si toute ta scolarité s’était déroulée exclusivement entre tes amours, ton amitié avec ce garçon, tes études qui se déroulaient parfaitement, et tes activités extra-scolaire… Légales (le systema, les jeux vidéo, la danse, le maquillage…) et d’autres moins légales (l’exploration du dark net, et l’apprentissage du piratage) … ça ne pouvait pas durer.
Pas depuis que tu avais arrêté totalement de prendre ces médicaments. Enfin ça, tu pouvais gérer… Plus ou moins. Si tu arrivais à ne pas être trop sous pression.
Tu avais la chance bien souvent d’avoir dans ton entourage des personnes cherchant à flatter ton égo et à s’attirer tes faveurs…
Mais quand une greluche venait te chercher des noises…
C’était un peu ce qui était arrivé ce jour-là. C’était la fin des cours, et l’année scolaire était presque arrivée à la moitié. Ton ami masculin t’attendait devant le portail du collège pour te raccompagner et discuter avec toi.
Mais un groupe de filles t’avaient tendu une petite embuscade avant que tu ne puisses quitter ta salle de classe. Tu n'aurais pas dû tarder...
Ces filles n’étaient pas dans ta classe, mais elles se sentaient quand même en rivalité avec toi, autant pour les notes que pour les garçons (tu ne savais même pas qui elles étaient).
L’altercation qui suivit fut violente, et des deux côtés. Mais si les adolescentes au début n’avaient fait que t’insulter, utiliser des mots qui te blessèrent, et te rabaissèrent… Elles en arrivèrent aux mains quand tu résistas avec ta propre répartie cinglante.
Ce n’était pas une nouveauté que tu n’aimais pas les espaces confinés, et elles s’en servirent contre toi.
Après t’avoir enfermée contre ton gré 5 longues minutes dans un casier, en te laissant crier de terreur (vu ta taille, elles n’avaient pas eu trop de mal à te faire entrer), elles te laissèrent sortir en prenant un malin plaisir à continuer à te chahuter.
C'était trop.
T'enfermer ? Toi ?
T'insulter ? Vraiment ?
Te provoquer ?
...
C'était trop.La colère monta d'un coup, et tu répondis immédiatement avec tes poings. Pas avec le plat de tes mains…
Non…
Tu utilisas les techniques que tu apprenais depuis presque 10 ans sur quelques-unes de ces gamines, et surtout une en particulier. Celle qui semblait te détester le plus, et celle qui avait eu l’idée de t’enfermer.
Oh, tu te reçus quelques griffures, et quelques coups, mais rien de très efficace.
Toi par contre, tu donnais des coups de pieds dans les visages, tu faisais de violentes clefs de bras, tu distribuais les coups de coudes et les coups de poings…
Tu te défoulais. Et tu aimais ça.
Finalement, attiré par les cris (et peut-être que des adolescents les avaient alertés), deux professeurs t’arrachèrent au visage en sang de la fille qui avait fait l’erreur de tenter de s’en prendre à toi, alors que tu piétinais allégrement sa tête. Avec les professeurs et tes agresseurs, il y avait un ou deux élèves en plus présents, mais tu ne les avais pas correctement vu, trop aveuglée par la rage.
Ce qui avait le plus glacé le sang de tes professeurs et du reste des adolescentes de la pièce ce jour-là, c’était ton rire. Tu riais de ton rire le plus adorable lorsque tu les frappais.
Parce que tu aimais ça.
Suite à ça, tes parents s’empressèrent avec ton collège (tes parents étaient connus pour être les principaux généreux donateurs du collège) d’étouffer l’affaire. Les Sullivan versèrent une importante somme d’argent aux parents dont les enfants étaient concernés (victimes et témoins) pour que certains puissent par exemple utiliser la chirurgie esthétique (suite aux blessures infligées durant la bagarre), ou tout simplement pour recevoir un chèque sans créer de scandales.
Toi ? D’un commun accord avec le collège, tu fus officiellement renvoyée pour « problèmes de santé » , mais la réalité était toute autre. Tu avais agressée et mis à l'hôpital plusieurs jeunes filles.
Tu avais donc été envoyée contre ton gré dans une… « Maison de repos ». Ou un asile. Toi tu l’avais plus vécu comme ça.
Tu passas le reste de ton année scolaire enfermée là-dedans, et tu y étudias également.
C’est réellement depuis cette année-là que tu te mis à ne plus supporter les milieux médicaux. Les lieux trop confinés sans fenêtre, sans lumière naturelle, tu ne supportais plus. La lumière artificielle ne t’avait jamais parue si agressive que cette année-là.
Lorsque tu fut libérée, tu te sentais encore plus vide qu’à ton entrée. Tu étais encore plus en colère… Mais tu avais appris à contrôler tes crises. Un minimum. Tu n’avais évidemment pas été ‘’guérie’’ de ta bipolarité, mais… Tu étais un petit peu moins instable.
Tous ces mois passés là-bas avaient été un calvaire, mais ils n’avaient pas été inutiles.
Cependant, tu ne l’avoueras jamais à qui que ce soit. Tu avais pris cet emprisonnement comme une odieuse injustice. Des gamines t’avait enfermé dans ce casier, déclenchant une violente crise... Tu t’étais défendue… Et on t’avait emprisonnée sans te laisser la chance de te justifier. Pendant 1 an et demi. Tu te juras qu’il s’agissait de la première et dernière fois que l'on t'emprisonnerait.
Chapitre 4 ~ Une première émancipation, une découverte et une cassure
À tes 14 ans et demi, tu étais rentrée brutalement dans l’univers du lycée (High School) après ton internement. Mais tu avais su t’adapter plutôt rapidement, bien trop heureuse de ne plus être enfermée. Tu fus d’ailleurs surprise de voir que peu après ton arrivée au lycée, le garçon qui était ton ami au collège te rejoignis dans ta classe.
Que toi tu te fasses transférer en milieu d’année était plutôt justifié… Mais lui ? C’était bizarre.
Mais ça lui correspondait et ça ne t’avait pas alarmée plus que ça. Il était parfois étrange et mystérieux, mais toujours présent pour toi.
Tu avais décidé pendant que tu vivais dans cette ‘’maison de repos’’ , que ce que tu voulais tu allais le prendre. Et à partir de maintenant. Un peu comme tes parents. Finalement.
Tu n'étais pas aux faits de tout ce qu’ils pouvaient bien faire au niveau de leur travail respectif, mais tu savais une chose : ils étaient corrompus, et tous les deux.
Parfois lorsqu’ils discutaient, te croyant occupée, absorbée ou endormie, ils se permettaient certains sujets. Il y avait des histoires de financement frauduleux, de malversations, de corruption, et d’autres sujets obscures, tout du moins, tu le supposais.
Ce que tu voulais toi ? Changer de sexe et d’identité. Tu ne voulais plus être Liliane, ça ne te correspondait pas. Et tu l'avais bien compris. Ce n’était pas toi, ce corps ne t’appartenait pas. Tu étais incomplète. Oui, tu avais décidé que tu ne serais plus ‘’elle’’ mais ‘’il’’. Et pour ce faire, tu avais besoin d’argent. Beaucoup. Des milliers de dollars. Mais ce n’était rien pour tes parents~
Tu le savais, car entre ce qu’ils gagnaient « honnêtement » et le reste, il y avait largement de quoi.
Mais bien sûr, tu avais essuyé un refus la première fois que tu en parlas à tes parents. Il fallait s’y attendre. De leur point de vue, ton changement d’identité ferait tache dans leur carrière et également dans la tienne (tu avais noté qu’ils avaient parlé avant tout de la leur).
Tes parents n’étaient pas d’accord ? Grand bien leur fasse, tu étais prête à les faire changer d’avis. Mais pour ça, tu avais besoin de t’améliorer en piratage, et de commencer à fouiller sans te faire prendre dans les affaires sombres de tes parents. Il te suffisait de trouver quelques informations suffisamment incriminantes pour pouvoir les faire chanter. Tu ne pensais pas réellement à divulguer quoi que ce soit évidemment, mais tu savais que tes parents avaient tendance à penser que ta bipolarité pouvait te rendre hautement instable et donc imprévisible (et ils n’avaient pas totalement tord).
Pour ne pas tuer ton plan dans l’œuf, tu ne parlas de ton désir de changer d’identité qu’à une personne par la suite : Ton ami. Encore ce garçon. Le seul qui était réellement intéressant. Il avait un quelque chose de mystérieux qui piquait toujours autant ta curiosité. Et il semblait toujours savoir ce que tu aimais, ce qui te faisait le plus plaisir… Ses cadeaux étaient toujours précis, bien plus que ceux de tes propres parents.
Parfois tu avais même l'impression qu'il te connaissais presque aussi bien que toi-même.
C'était un peu effrayant.
Mais lui était discret. Tu l’avais testé à de nombreuses reprises durant la première année où tu avais fait sa connaissance, tout ce que tu lui avais dis était resté entre vous.
Tu lui avais même dis que tu soupçonnais tes parents de corruption et tu lui avais présenté ton plan. Trouver quelque chose de compromettant à leur égard, les faire chanter, et obtenir ce que tu voulais : ton identité.
Ça allait mettre du temps, mais tu aurais le dernier mot cette fois-ci.
Tu avais été mise dans un lycée relativement éloigné de ton ancien collège pour te permettre de te refaire une réputation. Et ça fonctionna. Même si cette fois-ci tu aurais aimé être un peu plus discrète, tu aimais être entourée, tu aimais t’amuser… Tu aimais plaire et séduire. Et encore une fois, une floppée de garçons commencèrent à te faire les yeux doux.
Mais contrairement au collège, tu n’avais pas vraiment le temps pour enchaîner les relations, alors durant ta première année de lycée, tu n’eus que 2 petits amis.
Tu passas plus de temps à travailler tes capacités de piratage et à étudier pour tes études. Parce que ton plan n’était pas juste de devenir un garçon à part entière. Mais également de pouvoir être indépendante le plus vite possible. Et ça passait par les études. Tu n’allais pas faire ces études de droit que tes parents voulaient t’obliger à suivre. Tu aimais la mode, et ce milieu-là te plaisais beaucoup plus. Peu importait ton identité.
Si tu voulais réellement avoir une chance de pouvoir choisir ce que tu voudrais à la sortie du lycée, il fallait que tu sois la première partout.
Ça t’arrivait d’obtenir la première place aux examens… Mais pas toujours. Et si ce n’était pas systématique, ce n’était pas l’excellence. Et pour tes parents, ce qui n’était pas excellent était médiocre.
Durant ta deuxième année de lycée, à tes 15 ans, rien de réellement notable n’arriva. Tu eu quelques petits copains, une petite copine, mais rien de très sérieux. Tu continuas de traîner de temps à autre avec ton ami, ou ton armée de copines.
Concernant ton ami, lorsque tu l’invitais à manger chez toi, tes parents montraient clairement un intérêt sur votre relation à tous les deux. Comme s’ils voulaient que tu sortes avec lui… Parfois ton père se permettait même de passer du temps avec lui seul, ‘’entre hommes’’ pour parler travail (il appréciait son intérêt pour la police et l’avait déjà chaudement recommandé à plusieurs de ses connaissances, dont des fonctionnaires hauts placé du FBI). Ce terme t’avait piqué lorsqu’il l’avait lancé au détour d’un repas en présence de ton ami, car ton père savait que tu voulais toujours changer d’identité.
Ou tout du moins, s'il te connaissait un minimum, il devait savoir que tu n'abandonnais jamais.
Quoique... Le fait que tes parents te connaissent mal ne devait pas t'étonner. Peut-être qu'il devait penser que s’il arrivait à te coller à un bon parti, il arriverait à te faire changer d’avis. Comme si c’était aussi simple.
Tes notes devinrent un peu plus excellentes, et tu étais maintenant capable de pirater des systèmes plutôt compliqués. Tu avais d’ailleurs intégré des rassemblements anonymes de hackers pour pouvoir encore plus apprendre.
Tu avais tes défauts, mais personne ne pourrait t’enlever ton envie de comprendre et d’apprendre. Et lorsque tu avais un objectif, tu tenais à l’atteindre, peu importait la manière.
C’est l’année de tes 16 ans que tout bascula. Pour commencer, ton ami était dans une autre classe qui avait des horaires totalement à l’inverse du tien. Les seuls moments où il venait te voir, c’était les pauses déjeuners et les moments d’interclasse.
Mais si ce n’était que ça, tu aurais pu survivre. Vraiment.
Cette année-là, tu avais décidé de te jeter à l’eau. De commencer à investiguer. Tu étais prête, tu le savais, tu avais réussi à hacker des systèmes censé être parfaitement protégé. Tu avais même réussi à ébranler (avec l’aide de 2 autres pirates) l’espaces de quelques minutes une banque américaine.
Pour tes compagnons pirates, c’était pour le fun, mais pour toi, c’était un entraînement. Tu n’avais pas le droit à l’erreur. Si tes parents te prenaient la main dans le sac… Dans leur sac débordant de corruption, tu ne donnais pas cher de ta peau.
Depuis qu’ils t’avaient interné de force, tu ne leur faisais plus confiance. Tu savais qu’ils avaient plus fait ça pour se couvrir, que pour réellement te venir en aide.
Alors un beau jour, alors que tes parents s’étaient rendus à un gala de charité pour une très grande partie de la soirée… Tu avais mis ton plan en marche. Il était infaillible. Avec ton argent de poche, tu avais acheté du matériel pour pouvoir exfiltrer un maximum de données, et tu t’étais rendue jusque dans les bureaux de tes parents (la propriété Sullivan était suffisamment immense pour que chacun des époux Sullivan puissent avoir leur propre bureau).
Tu réussis à pirater relativement simplement le mot de passe de la porte du bureau de ton père. Et après avoir laissé ton matériel cloner paisiblement l’intégralité de l’ordinateur de ton père, tu allais fouiller dans les dossiers de ta mère (sans oublier de craquer son mot de passe pour rentrer dans son bureau et tout remettre à sa place par la suite). Tu y avais passé toute ta soirée, et tu avais dû t’arrêter à contre coeur pour ne pas te faire attraper si jamais ils devaient rentrer plus tôt.
Ce n’est que lorsque tu fus de retour dans ta chambre que tu examinas avec beaucoup d’entrain ce que tu avais récolté après t'être enfermée à clef.
Tu n'avais rien trouvé de compromettant au niveau des comptes, juste des échanges de mail qui en disait juste assez pour éveiller les soupçons, mais certainement pas assez pour leur faire craindre de se faire envoyer en prison, surtout qu’ils avaient de leurs côté les meilleurs avocats du pays.
Mais, en quelque sorte, ce que tu avais trouvé était pire.
Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ça te concernait.
Tu étais tombé sur une photocopie d’un acte de naissance écris tout en chinois… Et le nom qui était inscrit dessus n’était pas le tien :
"Shan Mei" . Tu n’avais pas compris tout de suite (même si tu avais vu la même date de naissance que la tienne et le sexe féminin), et il t’avait fallut recouper cette information avec d’autres… Des photos de nourrissons, des documents médicaux tout en chinois, avec des noms qui n’étaient ni ceux de tes parents, ni le tien.
À un moment donné, tu aperçus le nom et prénom « Shan Meng » quelque part… C'était un garçon.
Mais le dernier document que tu lu sur ton ordinateur, à une heure plutôt avancée de la matinée, ce fut un contrat.
Un contrat liant deux parties (jusque-là rien d'anormal) : Tes parents d’un côté, les époux Sullivan, fiers représentant de la justice.
Et de l’autre, une organisation de « récoltes de nourrissons ».
Récolte ?
À d’autres. Tu ne voulais pas vraiment y croire, mais après avoir relu un nombre incalculable de fois, frénétiquement, chacun des documents, tu comprenais mieux.
C’était vrai. Tu n'avais pas été adopté aux USA dans les règles de l'art, après avoir perdu ta mère biologique qui était décédée en couche. Ton père n'était pas parti sans demander son reste, sans te reconnaître.
Maintenant tu savais. ils n’étaient pas tes parents adoptifs, mais des kidnappeurs. C’était aussi simple que ça.
Tu étais née dans une autre famille, semblait-il en Chine… Tu avais reçu à ta naissance le prénom Mei. Et d’après l’un des documents que tu avais lus, tu avais au minimum un frère jumeau.
Meng…
Bien évidemment, tu sécurisas tes données et fis plusieurs copies.
Même si durant cette année scolaire tu n’étais plus aussi proche de ton ami, tu lui envoyas également une copie en lui demandant de ne pas l’ouvrir, tant que tu n’étais pas retirée brusquement du lycée sans l'avoir averti au préalable. Sans doute que ce message allait l'effrayait, car tu devais donner l’impression d’être en danger (et c’était possiblement le cas).
Si tes parents choisissaient par exemple de, de nouveau t’interner contre ton gré, tu n’aurais plus aucun moyen de pression sur eux, aucun moyen de divulguer ce que tu avais appris. Mais quelque part… Tu savais que ton ami pourrait peut-être y faire quelque chose s'il était mis au courant.
Il voulait intégrer la police, il te l'avait dit, alors tu n’aurais pas besoin de lui dire quoi faire avec de telles preuves entre les mains. N'est-ce pas ?
En quelque sorte, cet ami était un peu ton dernier recours.
Le premier choc passé, tu fis énormément de recherches sur le dark net pour en apprendre plus sur cette organisation de récolte de nourrissons qui t’avait kidnappée et échangée contre une énorme somme d’argent.
Cette semaine-là, tu fis mine d’être malade pour ne pas avoir à te rendre au lycée et ne pas éveiller les soupçons de tes parents (tu avais prévenu au préalable ton ami pour ne pas qu’il panique), et pendant ce temps-là, tu continuas à te renseigner, à tenter de peut-être trouver une piste.
Les seules réponses que tu trouvaient sous-entendaient à chaque fois l’implication d’une mafia chinoise. C’était une information qui revenait souvent. Mais il n'y avait pas de nom.
Alors c’était ça ? Un procureur général, un directeur de police et la mafia chinoise ? En prenant en compte les origines chinoise de ta mère, ce que tu avais trouvé pourrait détruire leur carrière, mais également tout ce qu’ils avaient construit. Tu pourrais les détruire comme un château de cartes…
Cette découverte marqua le début de la fin de ceux que tu avais jadis appelé « papa » et « maman ». Une fois que tu te dessinas un nouveau plan, tu mis tes kidnappeurs devant le fait accompli.
Ils devaient te verser une importante somme d’argent pour que tu puisses faire ta transition en toute sérénité, pour les suivis médicaux (tu en aurais bien besoin pour ton opération, même si tu détestais ça), les hormones…
Tout. Et ils devaient également te payer sans discuter des études dans la mode.
Tu avais été dure, et ferme. Tu ne leur avais témoigné aucun semblant d’affection, alors que ta mère avait fondue en larme en bégayant de vagues excuses et que ton père s’était mit à élever la voix face aux menaces.
Il ne te faisait pas peur, tu avais crié aussi fort que lui. Et tu avais d’ailleurs cassé un peu tout dans votre salon à ce moment-là… Rester calme n’avait pas été possible. Trop de stress, trop de colère, trop de rancœur.
‘’Paie ou moisi en prison comme un chien.’’
C’était ta plus polie proposition. Ces deux personnes te donnaient littéralement envie de vomir. Ton plan initial étant de leur faire suffisamment peur pour qu’ils t’obéissent au doigt et à l’œil venait de se transformer. Tu étais réellement prête à les faire couler, à tout divulguer s’ils n’étaient pas coopératifs.
Ils méritaient de crever.
Et tu n'avais absolument pas honte de cette pensée, ils n’étaient même pas ta famille.
Bien entendu, ils acceptèrent ton marché, en te faisant promettre de supprimer chacune des copies une fois que tu aurais eu tout ce que tu voulais. Ton permis voiture, ton permis moto. Une moto. Ton école. Un appartement loin d’eux… Tous les frais dû à ta transition réglé à leurs frais (l’opération ne pourrait avoir lieu qu’à partir de tes 18 ans) et également une petite rente… Qui te permettrait notamment de peut-être voyager jusqu’en Chine, et de retrouver… Tes géniteurs.
Et peut-être ton jumeau aussi.
Surtout ton jumeau.
C’était d’ailleurs peut-être ça ton plus gros problème. On t’avait arraché à une famille, on t’avait arrachée à un frère. On t’avait forcé à grandir sans lui…
Si tu étais comme ça, c’était peut-être pour cette raison ? Votre séparation ?
Est-ce que c’était naturel de séparer deux personnes qui avaient été créées en même temps ?
Non.
Depuis ce jour, tu avais commencé à faire vivre un véritable calvaire aux époux Sullivan. Tu les menaçais régulièrement, tu les insultais, tu cassais régulièrement des objets précieux qui leur tenait à cœur.
Ils t’avaient volé à ta famille, alors tu allais leur faire regretter.
Tout le reste de ton année, tu l’avais vécu entre le soulagement d’avoir obtenu ce que tu voulais, ta liberté, et le sentiment d’avoir un manque encore plus grand.
Il te manquait ton frère, et ta véritable famille.
Mei et Meng...