(( OOTD )) Le boulot ici, c'est la plaie. Même quand on est là volontairement pour se faire pas mal d'argent en travaillant un ou deux soirs par semaine, franchement, c'est la plaie. Le patron est un connard, et les employés chargés de la sécurité des pervers. C'est un miracle que Maikun n'ait pas été trop secoué. Sans doute parce que le patron sait qu'il représente un sacré paquet d'argent et qu'il vaut mieux ne pas le brusquer. Car Maikun pourrait finalement décider d'abandonner son père à son triste sort et s'en aller.

Mais ça n'empêche qu'il est parfois touché alors qu'il voudrait éviter. Alors qu'il ne devrait pas. Mais on lui propose souvent de se retrouver dans une chambre avec des clients fortunés. Il arrive au club en début de soirée. Il a eu le temps de réviser, mais il a quand même son sac avec quelques livres. Il révise souvent entre deux clients quand il en a l'occasion. Surtout qu'il a un accord avec le barman pour qu'il charge moins ses verres. Bon, ça ne marche pas quand il s'agit de bouteille de champagne, mais quand il s'agit de cocktails, il peut en boire un nombre raisonnable sans être trop éméché.

Il dépose ses affaires, et se change rapidement. Il en profite pour déposer une touche de maquillage. Et quand quelqu'un arrive, il jette un œil. C'est l'un des nouveaux hôtes. Ils ont été plusieurs à être recrutés en même temps. Et il est presque sûr que certains d'entre eux n'ont pas vraiment le choix. Un peu comme lui, d'ailleurs. Mais bon, lui au moins, il est libre de partir. « Salut ». Ils se sont déjà croisés et présentés, donc ils se connaissent. « Comment tu vas ? En forme ? ». Il ajoute : « J'ai entendu dire qu'il y avait eu un peu d'agitation hier soir, tu étais là ? ». Lui, il était dans un salon privé. Alors il n'a rien vu. Il a juste entendu des collègues en parler.  

Je me demande comment et surtout pourquoi j’ai accepté une telle mission. Il n’y a rien de plus répugnant que les hommes qui se paient du bon temps dans ce genre d’endroit. Chaque fois que l’un d’eux essaie de me toucher, je peine à dissimuler mon dégout et le début de nausée qui me monte. Je déteste cette affaire, je hais cet endroit mais ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix. Je ne veux pas jeter l’éponge et je n’ai de ma vie, jamais renoncé alors je ne le ferais pas maintenant, même si c’est difficile.

Je pousse la porte réservée au personnel pour entrer dans les vestiaires. Je le fais avec nonchalance sans prêter attention au garçon déjà présent. Il est plus jeune que moi, même si j’ai menti sur mon âge sur mon CV. Lorsqu’il me salue, je pose mon regard sur lui pour en faire autant et répondre à sa question.
« Salut. Oui j’étais là. »
Une grimace se forme sur mon visage en repensant à ce qui s’est passé la nuit dernière.
« Un client un peu trop ivre à fait des siennes. Il a voulu aller trop loin et la sécurité a tardé à réagir mais je crois que l’hôte qui était avec lui s’est fait savonner par le patron. Ça arrive souvent ici ? »
Ce genre d’incident ? Quant au patron, on aurait dit qu’il lui avait reproché de ne pas avoir voulu aller plus loin avec ce type. Malheureusement je n’ai pas pu entendre leur conversation alors je ne fais que supposer. De toute façon je suis ici pour ça. Pour fouiner et mettre à nu d’éventuelle activité louche ou lien avec l’affaire qui intéresse mes collègues. Les mêmes qui m’ont envoyé en infiltration.