Je suis à Bangkok depuis une dizaine de jours déjà. J’ai choisi cette destination sur un coup de tête. J’avais besoin de changer d’air et je me suis dit que le soleil me ferait du bien. Chaque fois que je croise ce garçon, je me dis que j’ai bien fait. Les Thaïlandais sont à croquer et celui-ci plus que les autres. Peut-être parce que ses traits sont différents. Il se dégage également de lui une impression de pureté qui me donne envie de le souiller dans tous les sens du terme. Une si belle colombe ne mérite pas de rester blanche bien longtemps et je me ferais un malin plaisir à lui faire découvrir l’enfer après lui avoir fait goûter au paradis. Oui, je ne peux pas m’empêcher d’être méchant et cruel. C’est dans ma nature. Après tout, si je ne peux pas être heureux, pourquoi les autres le seraient-ils ?

Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises au point que je me suis demandé s’il travaillait ici mais non, je ne l’ai jamais vu revêtir le moindre rôle. Il séjournerait lui aussi dans cet hôtel ? A moins qu’il ne soit une sorte d’escort boy ? J’imagine que pour le savoir, il me faudra l’aborder et ça tombe bien car j’ai un bon prétexte pour le faire.

Terminant mon verre, je quitte le comptoir du bar de l’hôtel pour rejoindre le hall où j’ai cru l’apercevoir. Nos regards se croisent, je lui adresse un sourire et cette fois-ci je décide de l’aborder, effaçant la courte distance qui nous sépare pour le saluer dans un thaïlandais approximatif. Je me débrouille bien pour un touriste mais je vais avoir besoin d’étudier la langue, peut-être avec un natif ? L’idée est alléchante.
« Bonjour. Vous auriez une minute à m’accorder ? »
Je me rapproche un peu plus de lui et lui montre la carte de visite d’un restaurant chic avant de reprendre :
« Un ami de passage m’a conseillé ce restaurant mais je crois que je n’arriverais jamais à le trouver. »
Et pour cause, l’adresse est en thaïlandais et il m’est impossible de l’écrire sur le GPS de mon téléphone. Je n’arrive pas non plus à la lire. L’écriture de ce pays me parait encore bien mystérieuse et j’avoue ne pas m’y être penché en dehors des menus des bars et restaurants que j’ai pu fréquenter jusqu’ici.

Comment un aussi joli garçon peut-il se montrer si timide ? Est-ce un manque de confiance en lui ? Ou bien est-ce tout simplement moi qui l’intimide ? L’idée me fait sourire et je décide de la garder dans un coin de ma tête. Si je lui plais, alors peut-être que nous pourrions nous amuser un peu tous les deux ? Par contre, s’il rougi à chaque fois de cette manière, j’ai bien peur que ce jeu ne soit trop facile pour moi.

Je ne le quitte pas un instant du regard, lorsqu’il sort son téléphone portable pour m’écrire l’adresse en anglais, ce qui sera plus lisible pour moi. Quant à cette histoire de lexique…
« C’est une idée mais j’avoue que j’aimerais réellement apprendre la langue avec des gens plutôt que dans un bouquin. J’aime le contacte et puis ce genre d’interaction me sort de la solitude. Ce qui arrive souvent quand on voyage seul. »
S’il avait besoin d’être rassuré, c’est désormais chose faites. Je voyage seul et il n’y a personne dans ma vie. Alors qu’il se sente libre de succomber complètement à mon charme et mes avances. D’ailleurs je n’ai pas fini d’empourprer ses joues car plutôt que de prendre son écran en photo, je m’approche un peu plus de lui en lui disant :
« Je vais plutôt taper directement l’adresse dans mon GPS. Ce sera plus simple. Enfin si vous avez un instant à m’accorder. Je suis vraiment désolé d’abuser de cette façon. »
Je relève les yeux vers lui, cherchant à capter son regard avant de lui sourire. Tout en pianotant sur mon écran, je lui dis :
« J’ai peut-être mal compris tout à l’heure, mais vous avez dit ‘’nous’’ en parlant de l’hôtel. Est-ce que vous travaillez ici ? »
Ce qui expliquerait que je le croise souvent. D’ailleurs, comme pour prolonger ce moment, je laisse mon téléphone s’échapper de mes mains. Il ne risque pas de se casser avec une si petite chute mais ça me donne un bon prétexte pour devoir recommencer ma saisi et peut-être prolonger notre conversation.

Si au début il semble comprendre mon allusion et où je veux en venir en parlant d’apprendre la langue autrement que dans des livres, il se ravise rapidement et me dirige à nouveau vers la boutique de l’hôtel pour que je puisse me trouver un professeur de langue certifié. Est-ce qu’il aurait pris peur ? A moins que ça ne soit de la timidité ? Possible mais ça ne m’empêchera pas de tenter à nouveau ma chance. Pour le moment j’enchaine en le questionnant sur sa relation avec l’hôtel, pour ne pas paraitre trop insistant. Après tout, je ne voudrais pas le faire fuir. Pas tout de suite. Pas avant d’avoir pu tenter quoi que ce soit.

Le mystère se lève lorsqu’il m’apprend son nom de famille. Ainsi j’ai donc à faire à un jeune héritier. Cela nous fait un point commun et qui sait ? Peut-être pourrais-je l’exploiter d’une manière ou d’une autre ? J’y réfléchis alors que je dois tout ressaisir une fois mon portable à nouveau en main.
« A vrai dire je ne cherche pas vraiment de professeur mais plutôt quelqu’un avec qui avoir des conversations ordinaires. Un peu comme ce qu’on fait en ce moment. Alors à l’occasion déjeunons ensemble ou buvons un café, ici ou ailleurs. Ça me ferait vraiment plaisir. »
Je lui adresse mon plus beau sourire, espérant qu’il y soit sensible, ce dont je ne doute pas car j’ai bien remarqué l’effet que je lui faisais. Je ne le laisse pas indifférent, loin de là mais ça ne veut pas dire qu’il aura le courage de répondre à mon invitation.
« Après tout, je séjourne ici et je compte y rester un long moment encore. Alors la prochaine fois qu’on se croisera, si vous avez du temps, n’hésitez pas à me rejoindre car lorsque je n’explore pas la ville, j’aime me promener dans les communes de l’hôtel. Je trouve l’endroit charmant. »
J’y prends en tout cas mon petit-déjeuner tous les matins et il ne peut donc pas me manquer. Si bien sûr la curiosité et l’envie le poussent dans mes filets. J’espère qu’il aura cette imprudence car je suis certain que nous pourrions passer un excellent moment tout les deux.

Il semble hésiter. Peut-être à cause de la différence d’âge ? Pourtant je lui plais. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure mais il est timide et c’est peut-être propre à son âge. Après tout, je n’ai pas l’habitude de fréquenter des garçons si jeunes. En général je les préfère plus vieux mais il se dégage de lui quelque chose qui me plait bien.

Quand il me demande combien de temps je compte rester, je ne peux m’empêcher d’esquisser un large sourire avant de lui répondre :
« Quelques mois, le temps de trouver une raison de rester plus longtemps. »
Je me montre mystérieux mais en réalité, je ne fais que lui dire la vérité. Je ne sais pas encore combien de temps je resterais ici. Tout dépend des distractions que je pourrais y trouver et ce garçon pourrait en être une excellente à condition qu’il trouve le courage de sauter le pas.

A demi-mot, il me dit oui. Pas pour n’importe quoi. Pour un petit-déjeuner mais c’est un bon début. D’ailleurs je le trouve un peu fébrile. Peut-être à cause de cette invitation qu’il vient d’accepter. Quand il me dit qu’il doit y aller, j’acquiesce avant de lui dire :
« Alors voyons-nous demain matin Nakharin. Retrouvons-nous ici à 8h pour le petit-déjeuner. »
Je ne le retiens pas plus. A quoi bon ? Je sais qu’il viendra demain matin, après avoir pensé à moi toute la nuit. D’ailleurs je ne reste pas non plus dans le hall. Je vaque à mes occupations sans penser à ce bel éphèbe qu’il me tarde de mettre dans mon lit. Ce n’est que le lendemain matin, en arrivant dans le hall, que je repense aux évènements de la veille en me demandant s’il aura vraiment le courage de me retrouver. L’attendant patiemment, je navigue sur ma messagerie, ignorant quelques messages d’amants éphémères que je me suis déjà fait en arrivant à Bangkok.

C’est à peine si je l’entends s’approcher de moi. D’ailleurs je ne relève les yeux vers lui qu’en l’entendant s’adresser à moi. Immédiatement, je repose mon téléphone portable et lui adresse mon plus beau sourire en lui répondant :
« Min Jun. Song Min Jun. Assieds-toi et tutoie-moi s’il te plait. Ce sera plus simple entre nous. »
Ça créera surtout une certaine proximité propice à un rapprochement.
« J’ai bien dormi même si j’avais hâte de te revoir. »
Je me montre charmeur et séducteur mais c’est dans ma nature. Tout comme le mensonge. Quoique j’avais vraiment hâte de le revoir même si je n’ai pas vraiment pensé à lui la nuit dernière. Il est encore trop tôt pour qu’il vienne hanter mes pensées. Tant que je ne l’aurais pas goûté, je ne pourrais pas savoir s’il me plait vraiment.
« Tu es resplendissant. C’est pour moi que tu t’es fait aussi beau ? »
Je le taquine en sachant pertinemment que je lui plais. D’ailleurs j’aime voir son visage se teinter de rouge. C’est mignon et ça me donne encore plus envie de le faire mien.
« Je n’ai pas commandé en t’attendant. Je me suis dit que discuter du menu et de nos goûts en matière de petit-déjeuner pourrait être un bon prétexte à pratiquer la langue. »
En réalité je m’étais dit que s’il ne venait pas, j’aurais pu rejoindre un autre homme pour un autre type de collation après un rapide café mais puisqu’il est là, autant savourer le moment, non ?

Ses réactions et ses paroles trahissent son jeune âge mais aussi son inexpérience. Nakharin ne doit pas avoir connu beaucoup d’homme dans sa vie. Pauvre peut-être ange, il ne pouvait pas tomber sur pire prédateur. D’un autre côté, je promets d’être un bon professeur. Avec moi, il apprendra bien plus qu’avec n’importe quel garçon de son âge. Et puis, il n’y a qu’à voit la rougeur de ses joues pour comprendre que je lui plais.

L’aidant à se sortir de son embarra en parlant du menu, Nakharin m’explique ce qu’il préfère manger le matin. J’acquiesce tout en refermant le menu avant de reprendre :
« Je mangerais comme toi alors. Ça me changera des petits-déjeuners salés auxquels je suis habitué mais je prendrais du café à la place du thé. »
J’ai besoin de ma dose de caféine pour bien commencer ma journée. Un détail qu’il apprendra au fur et à mesure que nous passerons du temps ensemble. Après tout, ce rendez-vous n’est que le premier d’une longue série, non ?
« Dis-moi qu’as-tu prévu de faire après le petit-déjeuner ? J’imagine que tu dois être un jeune homme bien occupé. Tu as peut-être une petite-amie… »
Laissant ma phrase en suspens, je ne tarde pas à ajouter :
« Ou un petit-ami ? »
Quelque chose me dit qu’il n’en a pas mais autant lui poser directement la question.

L’expression de son visage parle pour lui. Sa réponse ne tarde pas non plus et elle me confirme ce que je savais déjà. Il préfère les hommes et bien sûr, je ne le laisse pas indifférent. Lui non plus. Il me plait. J’aime son côté angélique. Il me donne envie de le souiller. D’ailleurs je ferais tout ce qu’il faudra pour le séduire et le mettre dans mon lit. Je suis même prêt à me montrer patient. De toute façon le charmer s’avère très divertissant. Il n’y a qu’à voir ses réactions et le rouge qui empourpre son visage.

Gêné, il décide de changer de sujet en passant commande. Il interpelle même un serveur. Je le laisse faire et l’observe avec un sourire amusé. Lorsque nous nous retrouvons à nouveau seuls, je lui dis :
« Je n’ai pas non plus de petit-ami en ce moment. »
De quoi lui faire comprendre que j’aime les hommes, s’il en doutait encore…
« Alors je suis content de pouvoir passer du temps avec toi Nakharin. »
J’ose tendre la main dans sa direction pour prendre la sienne et la serrer tendrement. Mon pouce caresse le dos de sa main alors que je lui adresse mon plus beau sourire avant de libérer ses doigts pour ne pas l’incommoder trop longtemps.
« J’aimerais sincèrement apprendre à te connaitre et passer du temps avec toi. »
Si après ça, il ne comprend pas que je le drague, alors je n’aurais plus qu’à me montrer plus explicite.