Comme au bon vieux temps

S’il y a un visage que je n’aurais jamais cru croiser ici, c’est bien le sien. D’ailleurs je me demande bien ce qui peut l’amener à Bangkok ? Une affaire ? Une coopération avec Interpol ? Ou bien du tourisme ? J’avoue avoir du mal à l’imaginer être ici pour prendre du bon temps, à moins qu’il ne soit amateur de tourisme sexuel ? Dans ce cas, aurait-il un vilain secret que je pourrais déterrer ? Mon instinct de journaliste d’investigation est en éveil.

Me mêlant davantage à la foule, je joue un peu des coudes pour ne pas le perdre de vue. Ce n’est pas une vraie filature. Je ne compte pas le suivre. Je ne m’amuse pas à traquer les gens sans raison. J’essaie plutôt de le rejoindre pour discuter avec lui. Après tout, on pourrait dire qu’on est de vieux amis ? Bon ok, j’exagère. De vieilles connaissances alors ? Oui, c’est peut-être plus approprié. Cela dit, si je suis content de le revoir, je doute que ce plaisir soit réciproque. Je n’ai pas laissé à l’agent Huang un très bon souvenir. Il faut dire que j’ai le don de mettre mon grain de sel dans les enquêtes officielles. Mon aide est souvent pertinente même si les enquêteurs ne l’apprécient pas toujours à sa juste valeur.

Quelques minutes plus tard, alors que la foule se dissipe un peu, j’arrive enfin à sa hauteur pour m’exclamer :
« Agent Huang ! Vous ici ? C’est un plaisir ! »
Et tant pis s’il n’est pas content de me voir car désormais il va devoir composer avec ma présence.
« Vous êtes ici en touriste ou bien sur une affaire ? On vous a transféré en Thaïlande ? »
Je suis journaliste, alors forcément je le harcelle déjà de question. Que voulez-vous ? C’est un genre de déformation professionnel mais il doit avoir l’habitude de mes mauvaises manières.