J'avais été incapable de résister au barman. Comment le faire de toute façon ? C'était impossible de garder le contrôle face à un mec aussi sexy. Je ne regrettais pas d'avoir enfin brisé cette barrière entre nous. J'avais juste peur de la suite, si Sun n’allait pas s'attacher à moi plus qu'une relation d'un soir. Je ne savais pas vraiment moi non plus ce que je désirai, j'avais encore un goût amer de ma dernière rupture. Je pouvais entendre mon meilleur ami me dire que j'étais con et foncer...Foncer dans le mur oui. Je ne savais pas grand chose du barman, ce dernier ne cherchait peut-être même pas à se caser; il y avait trop d'inconnus dans cette équation pour moi. Profiter de la vie, c'était aussi difficile avec le travail que je faisais et le risque de me faire tirer dessus. En soit, c'était déjà arrivé et je pouvais remercier la chance de ne pas avoir enterré sous terre.
Mais avec Sun j'étais incapable de penser à quoique ce soit, ce mec était irrésistible et encore plus dans son état actuel. Cette vision de lui, ne faisait qu'accroître encore plus mon désir. Le voir prendre son pied ainsi, savoir que j'en étais la raison c'était jouissif. Quelque part, je voulais être le seul à avoir le droit à cette vue. Que personne d'autre ne touche ces lèvres si appétissantes et ce corps parfait. Mais notre relation n'était que l'histoire d'une nuit alors je n'avais pas mon mot à dire là-dessus. Tout ce que je pouvais faire c'était profiter du moment, de cet échange tant attendu depuis qu'on s'était rencontré. L'attente en avait valu cela dit la peine et ce fût ensemble que l'orgasme fût atteint. Je ne savais plus combien de temps cela faisait que j'avais couché avec quelqu'un mais je n'avais pas perdu la main et je ne me souvenais pas d'avoir autant prit mon pied depuis que j'étais célibataire.

- Hum...comment refuser ?

Je n'avais pas motivation de rentrer chez moi, retrouver en plus un lit avec des draps froids. J'avais en plus peu d'heures de sommeil devant moi, je n'étais pas en congé et travaillait de jour demain. Puis pour le peu que je dormais en fait, il n'avait pas vraiment le temps de chauffer avec juste moi dedans.

- Ça fait un peu cliché de manger après avoir couché ensemble mais...j'ai rien avalé depuis ce matin

Avouais-je avec un sourire amusé. J'avais tellement été occupé à courir après les criminels que j'avais zappé le repas du midi et ensuite, j'étais parti au bar après avoir terminé mon service. Sun était tout à fait appétissant mais cela ne remplissait pas mon estomac malheureusement.

- Je vais prendre une douche si tu permets...?

Demandais-je avant de me redresser, me débarrassant par la même occasion du préservatif que je jetais dans une poubelle. Après avoir eu son accord, je le laissais pour aller ramasser mes vêtements près du canapé et filai dans la salle de bain. La porte refermé derrière moi, je m'adossais contre en soupirant. Est-ce que c'était une bonne idée de rester ? L'ambiance n'allait-elle pas être bizarre ? La faim était plus importante que mes doutes, et me le faisait savoir à présent. Je grimaçais légèrement et entra vite dans la douche pour me laver. Une fois propre, sécher et rhabillé, je restais la main sur la poignée quelques secondes et expira un bon coup avant de l'ouvrir.

- J'espère que tu sais aussi bien cuisiner que faire des cocktails !

Lançais-je avec un sourire en coin après avoir rejoint Sun. Je n'étais pas difficile en vrai, j'étais habitué à manger des nouilles quand mon meilleur ami ne remplissait pas mon frigo de nourriture.

Expérience d’une nuit ou pas, Sun ne comptait pas laisser son amant filer comme ça. Après avoir franchit cette limite qu’ils s’étaient imposer depuis des mois, après avoir échangé leurs salives, sans parler de ce corps à corps… non, décidément, le barman ne voulait pas voir le dos de Hsiao-Chun passer le pas de sa porte. Alors il osa, il prit son courage à deux mains, avant de lui demander s’il voulait rester. Il y avait une chance sur deux que le policier refuse, mais au plus grand bonheur d’un plus jeune, ce dernier accepta. Un sourire vient se loger sur ses lèvres, alors qu’il observait le corps de son amant, toujours dépourvu de vêtement. Cela faisait des mois que Sun n’avait pas dormir aux cotés d’un autre, mais ce soir, il savait qu’il ne fermerait pas l’œil de la nuit si ce dernier avait refuser sa proposition. Il aurait sûrement ruminé jusqu’au petit, essayant de comprendre ce qu’il avait fait de mal. Mais heureusement pour lui, il n’allait pas passer cette nuit, seul. Un léger rire s’échappa des lèvres du barman lorsque Hsiao Chun avoua que c’était cliché de manger après avoir couché ensemble. « Pas plus, que de te proposer une soirée Netflix… » Il lui lâcha un clin d’œil, avant de répondre à sa demande. « Vas-y, tu peux même prendre mes fringues si tu veux ! » Alors que le policier s’enferma dans la salle de bain pour prendre sa douche, Sun resta un moment sur le lit, rêvassant tout en essayant de redescendre sur terre. Il n’avait aucune idée de ce que serait son futur, leur futur … mais il ne pouvait s’empêcher d’espérer. Il finit par se lever et enfiler un boxer puis il attrapa un jogging dans son armoire et un débardeur qui laissait apparaître ses bras musclés.

Sun rejoignait la cuisine et chercha de quoi faire à manger pour son invité. En premier lieu, il prépara du riz qu’il versa dans le cuiseur, après tout, Hsiao Chun lui avait dit qu’il n’avait pas mangé depuis le matin. Il se lança dans une préparation avec du poulet et des légumes, histoire de rassasier son invité, quand ce dernier sortit de la salle de bain. Sun leva les yeux vers lui et répondit. « C’est vrai que je ne suis pas un chef cuistot, mais je me débrouille ! » C’était agréable d’avoir quelqu’un à ses côtés, Sun avait pour habitude d’être toujours seul dans son appartement, même son petit frère ne venait que rarement ici. Le soir, il restait au rez-de-chaussée pour boire et discuter, mais ils montaient rarement ici. « J’espère que tu n’es pas végétarien ? » C’est vrai, ils ne savaient pas grand-chose l’un de l’autre, mais c’était l’occasion d’en savoir plus. Il lui fit signe de s’installer sur le tabouret qui se trouvait face à lui, alors qu’il continuait de cuisiner. « Tu dois te réveiller à quelle heure, demain matin ? » demande-t-il, il ferait en sorte de retenir les horaires du policier, à l’avenir.

La soirée n'était pas terminée et c'était loin de me déplaire à vrai dire. Passer du temps avec le barman était agréable, bien plus qu'avec mes autres coups d'un soir. Au fond, est-ce que cela ne voulait pas dire que je percevais Sun différemment ? A force de me poser des questions j'allai avoir un mal de crâne. Préférant laisser tout cela de côté pour le moment et plutôt profiter de l'instant, je filais à la douche. Non sans avoir ri suite à la réplique de mon compagnon de ce soir au sujet de Netflix. Il n'avait pas tort même si cela ne m’était jamais arrivé d'avoir ce genre de proposition. Puis j'avais faim de toute façon alors ça tombait bien. Après avoir enlevé toute trace de nos ébats et vêtu, je rejoignais le barman dans sa cuisine. L'odeur de la nourriture me faisait doucement saliver. Je me demandais ce que Sun ne savait pas faire, mais c’étaient peut-être des choses que je découvrirais plus tard.

- Tu dois surement te débrouiller plus que moi c'est certains

Cuisiner n'avait jamais été vraiment mon fort, du moins je n'avais jamais cherché à faire des bons petits plats. Exceptés pour faire plaisir à mes ex par exemple. Mais étant donné que j'étais célibataire depuis pas mal de temps, j'avais peu fait chauffer la marmite. Je connaissais en revanche le panel de nouilles en boîtes, avec ses diverses saveurs. Pas vraiment de quoi se vanter cela dit. Heureusement que j'avais mon meilleur ami qui veillait un peu sur mon alimentation.

- Yes, ça fait longtemps que j'en ai pas mangé tiens

Par curiosité je regardais ce que Sun était en train de faire cuire. Du poulet. Miam. Le barman n'avait pas simplement mis du riz chauffer, non, il avait fait ça bien. Ca me faisait plaisir d'être ainsi dorloter. Je n'avais pas un métier facile et parfois les journées étaient dures. Je rentrais chez moi épuisé avec la flemme de manger ou même de me doucher. Je ne faisais que m'étaler sur mon lit avant de m'endormir rapidement. Je prenais place sur le tabouret en face de Sun, posant mon menton sur ma main tout en le fixant du regard.

- Je commence à huit heures, alors j'imagine que je devrais me lever vers 7h le temps de retourner chez moi pour récupérer mes affaires.

Evidemment, quand j'étais en dehors du service je ne me baladais pas avec ma plaque de flic et mon arme. Même si cette dernière était une protection non négligeable vu mes antécédents avec la mafia. Par réflexe, je me massai la main droite. Je n'avais pas remis mes gants, ce n'était pas comme si j'avais honte des énormes cicatrices qui se trouvaient sur chacune d'entre elles. Mais c'était plus simple de les camoufler pour éviter de se faire questionner ou regarder bizarrement. Sun étant la seule personne présente dans la pièce, ce n'était pas gênant. Puis bon, il en avait vu d'autres sur mon torse. Certes, beaucoup moins grave et la plupart du temps dû à mon caractère frontal.

Sun avait proposé à Hsiao Chun de rester pour le restant de la nuit, une fois la demande accepter, le jeune homme se mit en tête de lui faire à diner. Certain aurait choisi la facilité en optant pour des nouilles, mais le barman voulait – en quelques sortes – impressionner son hôte. Et puis, comme l’avait signalé le policier, il n’avait pas correctement manger depuis le matin, un simple bol de ramen n’aurait certainement pas suffit à le rassasier. Ayant été « l’homme de la maison » très tôt, il cuisinait pour son petit frère quand sa mère faisait des heures supplémentaires et même s’il avait rapidement abandonné l’école, il l’avait aidé du mieux qu’il pouvait avec ses devoirs. Il espérait que Hsiao Chun serait ravie de manger autre chose que de la nourriture déjà prête sous vide. Sun releva la tête lorsque le policier sortit de la salle de bain, il avait encore du mal à réaliser ce qu’il venait de se passer entre eux.

- « On va dire que j’ai commencé très tôt à aider ma mère à la maison, j’aime bien cuisiner. C’est un peu comme préparer des cocktails ! »

Il esquissa un sourire tout en surveillant la cuisson du poulet dans sa poêle. Il ajouta ensuite quelques légumes et un peu d’épices, mais pas trop. Lui-même n’aimant pas trop les plats épicés comme on peut en trouver en Asie.
Sun lui demanda l’heure à laquelle, il devait partir le lendemain matin et hocha la tête à sa réponse.

- « Je ne suis pas du genre matinal… donc si je ne me réveille pas, tu peux te servir du café et faire comme chez toi ! »

En réalité, c’était plutôt l’heure à laquelle il avait l’habitude de se coucher avec la gestion du bar et surtout des tables de jeu. Il fermait les portes de son établissement vers les 4-5h du matin et le temps de faire les comptes, il se couchait à l’aube. Ce soir était une exception, mais il était prêt à en faire plus souvent si cela lui permettait de voir Hsiao Chun !
Sun remarqua que le policier se massait la main, même si la question lui brulait les lèvres depuis plusieurs mois, il n’avait jamais eu l’occasion de lui poser.

- « Est-ce qu’elle te fait souffrir ? »

Il avait vraiment de l’admiration pour l’homme face à lui, chacune de ses cicatrices étaient une trace de son passé, et Sun n’imaginait pas les épreuves qu’il avait due endurer.

On n'avait peu échangé sur nos passés jusqu'à présent. J'étais curieux de savoir d'où venait Sun, s'il avait grandi entouré des siens ou bien si c'était une enfance pourrie comme la mienne. Enfin, il y avait pire cela dit je n'allai pas non plus me plaindre. Mes deux parents étaient vivants, c'était surtout leur divorce que j'avais mal digéré quand j'étais plus jeune. Ma mère s'était barrée avec un autre mec et je m'étais retrouvé avec mon père. Ce dernier était policier à l'époque et n'avait donc pas vraiment le temps de s'occuper de moi. J'avais donc passé mon temps libre à faire des conneries avec des camarades d'écoles. Malgré tout, j'avais suivi les traces du paternel en devenant flic à mon tour. Aujourd'hui mon père était à la retraite et je le voyais très peu. Ma mère aussi, le contact s'était fait de plus en plus rare. Il n'y avait que pour mon anniversaire et Noël que j'avais des nouvelles. Je ne cherchais pas non plus à en avoir cela dit. Niveau belle-famille, la personne qui partagera un jour ma vie sera fort déçue.

- Tu as un frère je crois ?

Je me souvenais qu'il l'avait mentionné et qu'il travaillait même aussi dans ce bar ? Je ne voulais pas dire de bêtise en me trompant sur ce genre d'informations. J'étais sûr qu'il n'était pas fils unique en tous les cas. J'aurai bien aimé avoir une sœur ou un frère aussi, j'aurai peut-être été moins con d'avoir quelqu'un à m'occuper plutôt que d'aller distribuer des coups de poings dans la rue.

- Effectivement, l'heure à laquelle je me lève doit plutôt être celle à laquelle tu te couches

Gérer un bar ne devait pas être évident. Il fallait tout nettoyer avant d'aller se coucher et cela pouvait prendre du temps. De mon côté, j'avais des nuits courtes parfois lorsqu'une mission se terminait tard. Il fallait quand même se pointer au commissariat à l'heure habituelle sauf si le patron avait donné son autorisation avant de partir chez nous de rester au lit. Je n'étais pas un gros dormeur de base et aussi la mauvaise idée de travailler chez moi sur des enquêtes. Pas les plus faciles en plus, c'était souvent sur celles qui n'avançaient pas depuis plusieurs mois. Pas encore classés toutefois car j'étais encore dessus. Toutefois, je sentais que j'allai avoir du mal à me lever tout à l'heure avec Sun près de moi. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi avec quelqu'un.

- Hum ? Oh pas vraiment

Je cessais de me masser la main, la posant simplement devant moi. Elle était marqué des deux côtés et c'était impossible de ne pas me souvenir de la douleur que j'avais ressenti quand ces tarés l'avait brisé. Par chance, la cicatrisation s'était bien faite et la rééducation aussi. Je n'avais pas récupéré 100% de la capacité de mes mains.

- Elles me font juste un peu mal quand je force trop et quand il fait trop humide...Il m'arrive aussi de lâcher ce que je tiens haha.

Je rigolais mais en vrai, c'était un peu chiant quand une assiette ou un plat tombait sur le sol simplement parce que je ne pouvais plus tenir correctement l'objet. Ca va, ce n'était pas encore arrivé avec mon arme à feu et je passais d'ailleurs régulièrement un test auprès de la médecine policière.

Sun n’avait pas pour habitude de parler de lui ou même de sa famille, mais en compagnie de Hsiao, il avait bien envie de se dévoiler un peu, histoire que ce soit donnant-donnant. Il n’avait pas honte d’avoir abandonné l’école alors qu’il avait à peine seize ans, mais il n’était pas du genre à s’en vanter non plus — surtout quand on sait ce qu’il a enduré pour en arriver là. Il n’a jamais voulu devenir l’homme de la maison, mais cela s’est imposé à lui. Il ne pouvait pas laisser son frère ainsi, abandonné par son père et avec une mère absence pour subvenir à leur besoin.

« Oui, il bosse avec moi de temps en temps. J’aurais préféré qu’il fasse des études, mais apparemment, il est aussi têtu que son grand frère ! » lâche-t-il, avec un rictus au coin des lèvres. « Et toi ? Tu as des frères et sœurs ? »

Il était même pire, quand on sait que c’est le petit frère qui protège le grand… Même si Sun avait un corps plutôt musclé, il ne savait pas se battre.
Le gérant du bar mentionna l’heure à laquelle le policier devait se lever et sans surprise, il apprit que c’était un lève-tôt. À croire que ces deux-là étaient vraiment des êtres que tout opposé… alors comment avaient-ils fini dans le même lit ?

« C’est ça, je suis un oiseau de nuit comme on dit… ironique quand on connaît mon prénom ! »

Le soleil, il ne le voyait pas beaucoup, mais cela correspondait à sa personnalité, peut être qu’à trop s’approcher de lui, Hsiao finirait par se brûler les doigts. D’ailleurs, en voyant le policier se frotter la main, le plus jeune s’inquiéta pour lui. Était-ce douloureux ? Il l’avait toujours connu avec son gant et c’était la première fois qu’il le voyait sans.

« On dit souvent te poser la question, non ? »

Il ne peut pas s’empêcher de lâcher ce qu’il faisait pour attraper sa main et caresser le dessus de celle-ci avec son pouce. Il voulait connaitre l’histoire derrière chaque cicatrice sur son corps, mais ce qu'il désirait encore plus, c’était qu’il lui donne sa confiance et qu’il se sentait assez bien avec lui pour parler de ce genre de chose.

Je grapillais par-ci par-là des informations sur Sun. Ce dernier n'avait donc pas fait de longues études tout comme son frère visiblement. Je ne l'avais pas encore rencontré d'ailleurs mais de ce que je voyais ils semblaient assez proche. J'étais bizarrement rassuré que le barman ait un membre de sa famille sur lequel s'appuyer. De mon côté c'était compliqué avec ma mère depuis le divorce de mes parents quand j'étais gosse et je n'avais jamais été très proche de mon paternel à cause de son boulot. Le même que j'exerçais d'ailleurs. Plutôt drôle ? Ce qui avait amené à leur séparation était devenu mon job. Même si mon père avait eu un grade plus élevé que le mien, ce qui expliquait aussi ses nombreuses absences à la maison. C'était un peu compliqué de choisir entre la justice et la famille.

- Non je suis fils unique

Aucun frère et soeur mais je me les faisais moi-même. Mon meilleur ami par exemple, c'était un comme un frère pour moi même si on ne partageait pas le même sang. Ce dernier avait d'ailleurs toujours été là pour moi. J'ignorais ce qu'il pensera du barman mais j'appréciais beaucoup ce dernier. C'était facile de discuter avec lui. Nous avions une vie opposée, lui travaillait plutôt en fin de soirée et moi le jour. Ce qui ne nous avait pas empêché pour autant de partager un moment intime fort agréable.

- C'est vrai mais je trouve qu'il te va bien et avec ton magnifique sourire

Déclarais-je en souriant moi-même. Il y avait quelque chose de chaleureux aussi chez Sun mais si je m'approchais trop je craignais de le regretter. Après tout je ne savais pas grand-chose à son sujet et puis si cela finissait comme avec mon ex, je n'avais pas envie d'avoir le cœur brisé encore une fois. J'avais déjà un peu honte de lui faire voir mes cicatrices, la preuve que je ne menais pas du tout une vie tranquille. Cette dernière était prête à basculer à tout instant. C'était le risque de mon métier et pas tout le monde adhérait d'avoir un petit ami comme ça.

Je frissonnais lorsque Sun passa son pouce sur le dos de ma main après l'avoir attrapé. C'était un endroit assez sensible depuis que la blessure avait cicatrisé.

- Je retire rarement mes gants en dehors de chez moi alors...On me demande surtout pourquoi j'ai ça en plein Eté. Elle est affreuse mais elle me rappelle que je ne dois pas abandonner.

Soufflais-je en regardant ma main, abîmée. Je ne voulais pas en dire plus. D’un, pour ne pas inquiéter Sun et de deux, ne pas l'impliquer dans mes affaires. Je m'en voudrais si jamais il lui arrivait quelque chose par ma faute.

- Mais avoue que ça me donne un côté cool non ?

Rajoutais-je pour dédramatiser la scène.

Peu importe qu’ils soient le jour ou la nuit, le policier et le criminel, peu importe leur différence, Sun ne pouvait s’empêcher de penser à Hsiao. C’était comme une drogue, dès qu’il disparaissait de son champ de vision trop longtemps, le barman commençait à s’inquiéter. Ils n’étaient en couple – bien que ce soir soit peut-être le début de quelque chose – mais Sun avait déjà ce côté possessif qu’il n’avait pas avec les autres. Ils ne connaissaient pas grand-chose l’un de l’autre, mais les deux hommes semblaient curieux de la personnalité de l’autre. Derrière son côté discret, parfois froid, Sun pouvait apercevoir un passé compliqué, un cœur brisé ? Le barman n’a jamais eu le cœur brisé, puisqu’il n’avait jamais eu de vrai relation… alors il n’était pas certain de ce que Hsiao pouvait ressentir. Tout comme le fait d’être fils unique, Sun avait grandit au coté de son frère malgré une situation familiale compliqué. « Tu ne t’es jamais senti, seul ? » demandait-il. Qui sait ce qu’il serait devenu, s’il n’avait pas pris soin de son petit frère, s’il n’avait eu personne pour qui se battre et avoir un niveau de vie correct. Il serait certainement devenu ce petit délinquant qui faisait du trafic, comme la plupart des adolescents de son quartier. Même si ses activités n’étaient pas tout à fait légales, les jeux d’argents étaient beaucoup moins dangereux que la vente de la drogue.

Le policier le complimenta sur son prénom qui collait avec son sourire. C’est toujours ce qu’on lui disait, que malgré la difficulté, Sun n’avait jamais perdu son sourire. C’était un trait de personnalité, qu’il espérait garder au fil du temps… ne pas devenir un connard aigri et avide d’argent comme pouvait l’être, les clients de son bar. « Merci, venant de toi, ça me touche particulièrement… » avoua le beau brun. Il fallait être honnête, il voulait plaire au policier et espérait obtenir une seconde nuit avec lui, ou pourquoi pas, un rendez-vous en plein jour ? Il n’était pas contre.

Sun remarqua la main nue de Hsiao et y apporta de l’attention, osant même passer son pouce sur cette dernière. Il écouta ses explications d’une oreille attentive et hocha la tête. « Les cicatrices, c’est comme les tatouages… elles ont une histoire, une signification particulière. » Toi, tu n’avais pas vraiment de cicatrice, mais tu avais marqué ta peau à plusieurs reprises. Tu ne pus t’empêcher de sourire à sa question. « Carrément ! de nous deux, c’est toi, le badboy ! » Il ponctua sa phrase d’un clin d’œil. Hsiao était peut-être policier, mais il avait parfois des airs de gangsters… « Le repas est prêt ! » dit-il en versant le tout dans deux assiettes.

Vivre seul avec mon père n'avait pas été facile. D'autant plus que ce dernier n'avait pas souvent été à la maison. Je devais donc me débrouiller seul la plupart du temps à la maison. Faire mes devoirs seul, à manger et parfois aussi les tâches ménagères même si ce n'était pas vraiment un truc qui m'avait passionné. Mais quand au bout d'un moment on n'avait plus de vêtements propres il fallait bien s'y mettre. Je n'en voulais cependant pas à mon père de m'avoir laissé de côté. Il a fait ce qu'il a pu, entre son travail et son rôle de père. A défaut, j'avais trouvé une bande avec qui trainer même si ce n'était pas les anges du quartier.

- Disons que je trouvais de quoi m'occuper

Pas forcément en allant cueillir des fleurs mais plutôt par des bagarres. Je n'étais pas un homme violent mais j'étais loyal en amitié alors quand un membre du groupe se faisait attaquer par une autre bande, autant dire que la vengeance était rapide. Cela dit c'était que dans ces moments-là que mon père faisait attention à moi puisqu’évidemment l'école était rapidement appelée. C'était mal vu que les élèves d'un établissement se batte. Maintenant c'était moi qui arrêté les bagarres, c'était assez drôle non ?

- Mince alors je ne suis pas le premier à te le dire ?

J'affichais un air faussement déçu sur mon visage. Je me doutais bien que Sun avait dû entendre pas mal de compliments. C'était clairement un beau gosse qui avait du succès. J'étais plutôt fier de moi d'avoir réussi à attirer son attention parmi une multitude de possibilités. Je ne regrettais pas ce lit qu'on avait partagé ensemble, ça avait été super. J'ignorais cela dit ce que Sun attendait de moi. On n'en avait pas vraiment parlé il faut dire.

- C'est vrai...je suis curieux de connaître les secrets qui se cachent derrière tes trois tatouages...

Ces dessins sur son corps n’avaient pas pu échapper à mon regard lorsqu'on s'était retrouvé nu. Si mon corps était marqué par des cicatrices, c'était moins jolies que des tatouages. Enfin, si Sun avait trouvé mes blessures de guerres sexy je n'allai pas me plaindre.

- On me dit souvent que je ressemble plus à un gangster qu'à un flic c'est vrai !

J'aurai d'ailleurs pu faire de l'infiltration mais j'avais refusé. Avec mon tempérament je me serai fait rapidement repérer ou taper dessus par les autres. Cela dit ça ne les avaient pas empêchés de le faire quand même.

- Miam ! Bon appétit !

Déclarais-je avant de goûter ce que Sun avait préparé. C'était vraiment délicieux. S'occuper de son frère avait été une bonne chose pour le barman ; la cuisine. Même moi qui ait dû me débrouiller seul je n'avais pas acquis cette compétence. Tout simplement parce que je me contentais de plat préparé ou de junk food. Ça aurait surement été différent si j'avais dû prendre soin d'un petit frère ou d'une petite sœur.

- My god, c'est trop bon ! Je devrais monter ici plus souvent

Glissais-je avec un clin d'œil. Pas que pour manger, évidemment.

Deux mondes qui s’opposaient mais qui l’espace d’un instant n’avait fait qu’un, Sun ne saurait expliquer cette attirance pour le policier, c’était ainsi depuis le premier jour où ce dernier était entré dans son bar. Parmi toutes les personnes qu’il croisait à longueur de journée, il avait fallu que ça tombe sur lui. Il parait que l’interdit est toujours plus attirant que l’accessible… Cela faisait sens. Durant de long mois, le barman flirtait inconsciemment avec Hsiao sans ne jamais aller plus loin, mais ce soir, l’absence de ce dernier avait créer un terrible manque… il avait sauter sur l’occasion qui se présentait à lui, par peur de ne plus jamais le revoir. Et les voilà, tous les deux, dans son minuscule appartement parlant de leurs vies, après avoir partager leurs fluides corporels. N’était-ce pas l’inverse, habituellement ? Après à se connaitre, avant quelconque ébat ? Pas forcément, si l’on voulait que cela reste un « one shot » mais était-ce que ce que les deux amants désiraient ? Il semblerait que pour Sun, les choses viennent à se compliquer dans les jours à venir… à présent qu’il avait gouter à la peau de Hsiao, il lui serait difficile de penser à autre chose. Qu’en était-il, du côté du policier ? Il n’en avait aucune idée… et préférait jouer la prudence que le faire fuir.

Un sourire amusé se dessina sur le visage de Sun à la réplique de Hsiao, ce dernier faussement déçu de ne pas être le premier à le complimenter. « Même si tu n’es pas le premier, il y a des compliments qui ont beaucoup plus d’impact… venant de la bouche de certains. » Laissant ses yeux plongés sur les lèvres de son interlocuteur, si attirantes qu’il y déposerait bien les siennes de nouveau.

Chacun évoqua les marques qui recouvraient leurs corps, si les cicatrices de Hsiao montraient les risques de son métier, les tatouages de Sun étaient des marqueurs temporels. « Ce soir, je peux te dire la signification de celui-ci… mais si tu veux connaître les autres, il faudra revenir… » Il releva son tee-shirt pour pointer du doigts la montre à gousset dessiné sur la peau. « C’est un symbole pour celui que j’aimais appeler mon père adoptif… celui qui m’a légué ce bar. Il portait toujours un costard avec une montre à gousset dans la poche intérieur… » Cet homme qui l’avait sauvé, celui qui lui avait offert un travail, un toit. Qui aurait cru qu’un homme qui ressemblait au boss de la mafia aurait un si grand cœur… un peu comme Hsiao qui avait plus des airs de gangsters que de flic. « Ça rend les choses encore plus attirante… » il semblait être les deux cotés d’une même pièce.

Le repas fut servi, ce n’était pas du grand luxe, mais cela semblait ravir son hôte. Sun mangea avec appétit, après tout, il avait dépensé quelques calories il y a quelque minute. « Maintenant que tu connais le chemin… tu es le bienvenu. » Et surtout qu’il n’hésite pas, Sun serait ravie de réitérer cette expérience charnelle… mais pas que. Il avait envie d’en savoir plus sur ce mystérieux policier.

L'attirance entre nous deux était hautement visible. Ca ne serait probablement pas la seule nuit qu'on passera ensemble, du moins je l'espérais. Sun me plaisait beaucoup surement un peu trop. Je ne m'étais pas ouvert à ce point depuis ma rupture, ni parler de moi aussi profondément. Généralement de toute façon je ne restais pas avec mes partenaires et encore moins pour manger juste après avoir couché ensemble. C'était donc en soit une situation assez unique dans laquelle je me trouvais mais pas déplaisante pour autant. Le barman était comme une nouvelle bouffée d'air frais dans ma vie et j'étais aussi un peu effrayé par cela.

- Oh...alors je peux t'en faire encore pleins

Déclarais-je avec un sourire charmeur. Il y avait tellement de choses à dire sur lui mais il allait attraper le melon si je lui en disais trop d'un coup. On avait ensuite discuté de nos marques respectives. Si les miennes avaient pris l'apparence de cicatrice celles de Sun se trouvaient sous la forme de tatouage. Beaucoup plus délibéré que moi dans un sens mais il y avait tout de même une histoire en-dessous. J'étais curieux de les connaître.

- Tu as été adopté ?

Il avait évoqué sa mère et son frère qui bossait avec lui mais je n'avais pas pensé à une adoption. En tous les cas, cet homme avait bien élevé Sun et devait être fier de lui avoir légué son bar. En tous les cas, je n'avais rien à y reprocher.

- Qu'est-ce que je devrais dire...Surtout si tu m'appâtes en soulevant ainsi ton t-shirt

Soufflais-je avec un sourire en coin, oui il m'en fallait peu mais quand je savais ce qui se cachait en-dessous, autant dire que ça ouvrait l'appétit en quelque sorte. Bien que cela ne remplissait pas l'estomac au sens propre. L'aubaine que Sun était un bon cuisinier et la douceur odeur faisait honneur au goût que je venais d'avoir dans ma bouche.

- Je ne viendrais pas seulement pour profiter de tes talents culinaires

L'autre raison était bien évidente mais aussi pour faire plus ample connaissance avec Sun. Il y avait surement d'autres choses encore à connaître à son sujet. Pour le moment je me contentais d'avaler le contenu de mon assiette, car j'étais aussi affamé.

- Merci pour ce repas, je vais pouvoir mieux dormir avec le ventre plein

Déclarais-je une fois mon assiette vide. Sun aurait pu faire aussi cuisinier à mon avis mais barman c'était bien aussi. Afin de remercier ce dernier comme il se devait je me penchais vers lui pour poser mes lèvres sur les siennes.